PARIS (Reuters) - Les actionnaires de Valeo (PA:VLOF) ont validé jeudi la rémunération du PDG de l'équipementier, réduite pour l'année 2018 et ajustée pour 2019 afin de refléter l'annus horibilis qu'a connue le groupe l'an dernier.
Réunis en assemblée générale place Vendôme, à Paris, les actionnaires ont voté à 93,8% en faveur de la résolution sur la rémunération de Jacques Aschenbroich au titre de 2018 - un salaire variable réduit de 59% et le non versement des actions de performance - et à 91,9% la résolution sur la rémunération au titre de l'exercice en cours, qui prévoit elle une augmentation de 10% du salaire fixe du PDG.
Jugeant cette rémunération inférieure à celle des autres dirigeants d'entreprises du secteur, le conseil d'administration avait proposé de la porter à 1,15 million d'euros, contre un million jusqu'ici.
Mais conscient que cette hausse pourrait être mal vue après les difficultés rencontrées par Valeo à partir de l'été 2018 à cause du ralentissement du marché chinois et des perturbations liées aux nouvelles normes d'homologation WLTP en Europe, Jacques Aschenbroich a proposé de réduire de 50.000 euros cette augmentation.
Après avoir enchaîné six années de croissance d'affilée, l'action Valeo s'est effondrée de moitié environ l'année dernière, marquée par deux avertissements sur résultats venus éclipser un imposant carnet de commandes sur les segments les plus porteurs du secteur.
L'équipementier est en effet l'un des leaders mondiaux pour les capteurs d'aide à la conduite, l'hybridation légère des moteurs et l'éclairage, devenu chez les designers automobiles une véritable marotte pour donner une signature lumineuse propre à chaque modèle de voiture.
DISSOCIATION DE LA FONCTION DE PDG D'ICI 2 ANS
Au cours de l'assemblée générale, Jacques Aschenbroich a souligné que l'année 2018, qualifiée de "particulière", et les difficultés persistant sur les marchés début 2019, ne devaient pas faire oublier qu'en 2017, Valeo enregistrait encore un chiffre d'affaires et un résultat records.
Mais le groupe s'est retrouvé brutalement fragilisé dans un contexte marqué par des ruptures technologiques dans l'automobile et les visées de fonds activistes sur l'Hexagone. Estimant que Valeo avait besoin d'un actionnaire stable, Bpifrance a renforcé fin avril sa participation au capital, faisant de l'Etat le premier actionnaire de l'équipementier.
Cette décision a rappelé la montée, dix ans plus tôt, de l'Etat, soucieux alors de ne pas laisser la pépite française seule face au fonds américain Pardus.
Le renforcement de la participation de Bpifrance signifie que la banque publique sera représentée au conseil d'administration. Son représentant sera désigné dans les semaines qui suivront l'assemblée générale.
Valeo a également décidé récemment de dissocier d'ici deux ans les fonctions de président et de directeur général, accédant ainsi à une demande régulière des actionnaires anglo-saxons auprès des sociétés. Ces fonctions, déjà scindées lors de la crise avec Pardus, ont été réunifiées en 2016.
Renouvelé jeudi avec 96,40% des voix pour un quatrième et dernier mandat d'administrateur, limite d'âge oblige, Jacques Aschenbroich a refusé de répondre aux questions sur sa succession future. "Je vais avoir le bonheur d'avoir 65 ans dans une dizaine de jours, il est temps de penser à la suite", a-t-il dit simplement.
(Gilles Guillaume, édité par Benoît Van Overstraeten)