PARIS (Reuters) - Edouard Philippe s'est dit favorable mercredi à ce que les djihadistes français susceptibles d'être relâchés par les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie soient rapatriés et jugés en France plutôt que de se disperser "dans la nature pour fomenter d'autres actions".
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a laissé entendre mardi que le retrait annoncé des forces américaines de Syrie pourrait précipiter le retour de "revenants" en France où, a-t-il précisé, ils seraient remis à la justice.
Un changement de doctrine et de discours pour la France qui se refusait jusqu'à présent à envisager un tel scénario et plaidait pour le jugement des djihadistes français du Levant en Irak ou en Syrie.
"Ce que je souhaite surtout, c’est qu’ils ne disparaissent pas", a dit le Premier ministre, interrogé par France Inter sur un possible rapatriement des djihadistes détenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), fragilisées par le départ à venir de leurs alliés américains.
"Je ne veux pas qu’ils soient dispersés, qu’ils repartent en liberté pour continuer leurs activités", a-t-il ajouté. "S’ils sont expulsés, je préfère qu’ils soient jugés et condamnés (...) en France plutôt qu’ils se dispersent dans la nature pour fomenter d’autres actions, y compris contre notre pays."
"Maintenant, s’ils étaient par exemple en Irak et qu’ils étaient jugés en Irak et qu’ils étaient condamnés en Irak et qu’ils étaient détenus en Irak, je ne verserais pas de larme", a conclu le Premier ministre.
On estime de sources françaises à environ 150 le nombre de ressortissants français, dont une cinquantaine d'adultes, détenus ou retenus dans le nord-est de la Syrie par l'alliance arabo-kurde, alliée de la coalition internationale contre l'Etat islamique.
Quelque 250 djihadistes français (une centaine à Idlib, environ 150 à Hajine) seraient encore en état de combattre sur le territoire syrien, indique-t-on de mêmes sources.
Selon Le Figaro, les présumés djihadistes français jusqu'ici détenus par les forces kurdes "devraient transiter par l'Irak", où d'autres sont déjà aux mains des autorités locales.
Citant "une source proche des FDS", le quotidien écrit que "82 djihadistes français auraient déjà été transférés sous escorte française en Irak" et qu'il "ne resterait plus que 25 mères et 48 enfants emprisonnés aux mains des Kurdes".
Aucune source à Paris ne confirmait mercredi soir ces informations, certaines assurant même qu'aucune opération de rapatriement n'était en cours.
L'état-major français a déclaré à Reuters ne pas avoir connaissance de tels faits.
(Jean-Baptiste Vey, Sophie Louet et Emmanuel Jarry)