Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a affirmé mardi qu'il n'imaginait pas Londres rester le centre financier de l'Union européenne si les Britanniques, qui ont décidé de quitter l'UE, refusent de se plier aux règles européennes en matière financière.
"Pour être complètement honnête, nous ne pouvons pas permettre que le centre financier de l'Europe et de la zone euro soit situé en dehors de l'Europe et de la zone euro et suive sa propre voie en matière de régulation", a-t-il affirmé lors d'une audition à Bruxelles face à des eurodéputés.
"Nous devons rester fermes là-dessus. Il n'y a pas d'alternative ici", a insisté le ministre des Finances néerlandais.
La décision fin juin des Britanniques de quitter l'UE, le Brexit, a sonné comme un coup de tonnerre dans le ciel de la City, le quartier financier de Londres, qui craint de perdre son statut de principal centre financier mondial avec New York.
Parmi les inquiétudes, la perte du "passeport" européen, un dispositif qui permet de vendre un produit financier dans l'ensemble de l'UE après l'approbation d'un seul des 28 régulateurs nationaux, ce qui pourrait pousser certains groupes à déménager ou relocaliser une partie de leurs activités sur le continent.
La City est également inquiète de perdre les activités de compensation en euros, c'est-à-dire le rôle d'intermédiaire entre le vendeur et l'acheteur de produits financiers libellés dans la monnaie de la zone euro.
Dans le même temps, Francfort, Paris, Amsterdam ou Luxembourg aimeraient --plus ou moins ouvertement-- récupérer une part du gâteau financier.
Selon M. Dijsselbloem, l'option privilégiée par le secteur financier serait que "les Britanniques acceptent la totalité des normes et des exigences" actuelles.
Mais "sur certains sujets", ils ont "déjà des possibilités de s'écarter des standards de l'Union bancaire", a-t-il ajouté.
"Nous ne pouvons pas laisser un pays tiers garder l'accès (...) au marché des services financiers en Europe si dans le même temps nous les laissons s'écarter des standards sur les besoins (des banques) en capitaux, la protection des consommateurs, etc", a-t-il poursuivi.
Le gouvernement britannique refuse de donner le moindre indice sur la manière dont il entrevoit la future relation du Royaume-Uni avec l'UE. Le Premier ministre conservateur Theresa May a uniquement promis que les négociations de sortie démarreraient avant la fin mars 2017.