par Jean-François Rosnoblet
MONTFAVET, Vaucluse (Reuters) - La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est au coeur de la stratégie de conquête du Front national, où, comme pour Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, sa nièce Marion Maréchal-Le Pen croit en ses chances, qui sont réelles.
La députée du Vaucluse a les faveurs des sondages pour le scrutin des 6 et 13 décembre dans une région où la frontière entre droite et extrême droite est poreuse.
"La dynamique est en notre faveur, mais rien n'est fait. On sait que cette campagne va se jouer sur peu de choses", tempère Marion Maréchal-Le Pen. "Notre électorat est mobilisé, l'objectif est maintenant de toucher de nouvelles cibles."
Face à une gauche qui a refusé de s'unir dans le sillage du peu connu maire socialiste de Forcalquier, Christophe Castaner, la jeune frontiste réserve en priorité ses piques au député-maire (LR) de Nice, Christian Estrosi, dont elle raille la "politique à l'ancienne".
"Se faire soutenir par un comité de stars sur le retour, ce n'est pas ma conception de la politique", affirme-t-elle à propos des personnalités qui le soutiennent. "Je n'ai pas besoin d'en faire des tonnes pour mettre en place des mesures de bons sens avec des experts de la vie et du quotidien."
La méthode fonctionne, l'écart se creuse dans les sondages avec le maire de Nice, dont l'attitude droitière, et notamment les déclarations sur la présence d'une "cinquième colonne" islamiste en France, n'entament pas le capital de l'élue.
"FAIRE NOS PREUVES"
"Il existe une partie de l'électorat de l'UMP qui est en errance et mal à l'aise dans un parti présidé par un Nicolas Sarkozy au double discours", relève Marion Maréchal-Le Pen.
"Un électorat de plus en plus sensible à un cheminement qui peut les conduire vers un Front national incarnant la seule voie de rupture avec la gauche", ajoute-t-elle.
Dans la tourmente familiale qui a opposé la présidente du FN à son père Jean-Marie Le Pen, finalement exclu du parti qu'il a cofondé, Marion Maréchal-Le Pen a su garder le cap en évitant de s'aliéner les partisans des deux camps.
Le ralliement in extremis de son grand-père à sa cause a conforté son aura et renforcé sa légitimité politique, atouts qu'elle a mis à profit pour neutraliser les fidèles de Jean-Marie Le Pen qui menaçaient de constituer une liste dissidente.
Dans les Alpes-Maritimes, elle a réussi le tour de force de faire cohabiter un ex-secrétaire national de l'UMP, Olivier Bettati, et deux anciens membres de la mouvance identitaire des Alpes-Maritimes, qui se reconnaissent dans la "préférence régionale" prônée dans son programme.
Marion Maréchal-Le Pen considère que les victoires du FN lors des municipales dans le Vaucluse comme dans le Var voisin ont ouvert la voie du succès pour le scrutin régional, dont les règles sont plus favorables à l'extrême droite.
"La conquête d'une région est essentielle car nous avons besoin de faire nos preuves à une échelle plus importante que dans les mairies conquises", souligne celle qui fêtera ses 26 ans le 10 décembre, entre les deux tours de l'élection.
"Beaucoup de gens nous ont rejoint sur le fond des idées et attendent maintenant de voir ce que nous sommes capables de faire", explique-t-elle.
"Finalement les gens prennent moins de risque en pariant sur nous, car nous avons tout à perdre en cas d'échec", concède Marion Maréchal-Le Pen.
Cette "pression supplémentaire" interdit au FN de revenir bredouille de la campagne régionale sous peine, selon elle, d'une "remise en cause de l'échéance de 2017".
(Edité par Sophie Louet)