par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Près de 200 produits cosmétiques et d'hygiène contiennent des produits potentiellement dangereux, selon les résultats d'une étude publiée lundi par l'UFC-Que Choisir, qui épingle notamment certaines crèmes, shampoings ou dentifrices de L'Oréal, Carrefour (PA:CARR), Procter & Gamble ou Estée Lauder.
L'organisme de défense des consommateurs publie sur son site la liste de 185 produits, crèmes hydratantes, après-rasage, dentifrices ou shampoings contenant des substances "préoccupantes du fait de leur caractère toxique, allergisant, irritant ou perturbateur endocrinien".
"Toutes ces substances étant légales, faute de réglementation européenne adéquate, nous voulons faire pression sur les fabricants à travers les actes d'achat des consommateurs", a déclaré à Reuters Olivier Andrault, chargé de mission auprès de l'UFC-Que Choisir.
S’agissant des perturbateurs endocriniens, pas moins de 101 produits, dont des crèmes de jour, en contiennent, dont 44 sous la forme d’éthylhexyl-méthoxycinnamate, un filtre UV perturbant le fonctionnement oestrogénique et thyroïdien.
Que Choisir tire également la sonnette d'alarme concernant des produits contenant des parabènes "à longue chaîne", également perturbateurs endocriniens, présents par exemple dans deux dentifrices de marque Carrefour, dont un pour enfants.
"Pire, huit marques de lingettes pour bébés, Bébé Cadum, Mixa (L'Oréal), Nivea (Beiersdorf) ou Pampers (Procter & Gamble) contiennent du phénoxyéthanol, un conservateur toxique pour le foie et le sang", note Que Choisir.
L'organisme met aussi en garde contre les mentions marketing "faussement rassurantes" en l'absence de réglementation spécifique.
ATTENTION A LA MENTION "HYPOALLERGENIQUE"
La mention "hypoallergénique" figurant sur le lait de toilette "Mots d’enfants" de Leclerc ou la "Crème pour le change" des bébés de Corine de Farme contiennent de la MIT, un conservateur que les dermatologues ont ciblé comme hautement allergène, poursuit Que Choisir.
La Fédération professionnelle des cosmétiques (FEBEA) a vivement réagi dans l'après-midi, assurant dans un communiqué intitulé "halte à l'intox" que les produits étaient "sûrs" et soumis à une évaluation scientifique indépendante par des experts européens.
"La réglementation européenne est la plus exigeante au monde (...) Lorsqu'une situation particulière l'exige, la FEBEA et des membres n'hésitent pas à adopter des recommandations professionnelles exigeantes", indique-t-elle.
Elle rappelle que les entreprises cosmétiques ont adopté en 2009 un code de "bonnes pratiques" pour le développement des produits pour enfants et qu'elles se sont engagées en 2013 à retirer la MIT des produits non rincés.
Pour sa part, L’Oréal a indiqué qu'il s'engageait sur la sécurité de l’ensemble de ses produits cosmétiques.
"Notre système d’évaluation de la sécurité est très robuste, et tous nos produits et nos ingrédients ont été rigoureusement évalués avant leur mise sur le marché, toujours en pleine conformité avec la réglementation applicable", précise L'Oréal, qui renvoie aussi aux déclarations de la FEBEA.
L'UFC-Que Choisir recommande pour sa part de ne plus acheter les produits contenant ces composants, notamment pour les usages les plus à risque comme ceux destinés aux enfants et aux bébés et ceux qui ne sont pas rincés, comme les crèmes pour la peau.
Il met à la disposition des consommateurs une carte-repère utilisable au moment de l’achat avec les 12 substances les plus à risque, ainsi que sa base de données accessible gratuitement sur son site quechoisir.org.
Personne n'était joignable pour un commentaire chez Estée Lauder, Carrefour, Leclerc, Procter & Gamble, Beiersdorf et Corine de Farme.
(Edité par Dominique Rodriguez)