par Paulina Duran et Swati Pandey
SYDNEY (Reuters) - Deux des principales autorités financières australiennes s'inquiètent pour la réputation des grandes banques locales, évoquant le risque d'une perte de confiance du public dans le sillage d'une affaire sans précédent de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme présumés.
Le dernier scandale qui agite les quatre grandes banques australiennes risque d'être le plus retentissant, Commonwealth Bank of Australia (CBA) étant accusée par un organisme de renseignement financier d'avoir laissé des criminels blanchir des millions de dollars.
Le leader australien du crédit immobilier impute la chose à une erreur de codage informatique et entend bien se défendre devant les tribunaux mais ses ennuis ont pris un nouveau tour lorsque l'ASIC (Australian Securities and Investment Commission), le régulateur des entreprises, marchés et services financiers, a annoncé ouvrir sa propre enquête.
Greg Medcraft, le président de l'ASIC, reproche aux dirigeants de CBA de ne pas l'avoir informé des problèmes de respect des lois et des textes lors d'une réunion qui s'est tenue deux jours avant que lesdits problèmes ne soient rendus publics la semaine passée.
"C'est la plus grande entreprise du pays et je pense que les Australiens attendaient mieux", a-t-il dit.
L'AUSTRAC, l'agence australienne du renseignement financier, accuse CBA d'avoir commis 53.700 infractions aux lois régissant le contre-terrorisme et la lutte contre le blanchiment et ces accusations formulées devant la justice menacent de saper la "confiance générale" envers le secteur financier australien, a ajouté Medcraft.
La capitalisation de CBA a fondu de quelque 6,6 milliards de dollars australiens (4,4 milliards d'euros) depuis que l'AUSTRAC a formulé ses accusations jeudi dernier, accusations susceptibles de déboucher sur la plus grosse amende jamais infligée à une entreprise australienne.
Les accusations de l'AUSTRAC sont "très graves" et "quelqu'un doit rendre des comptes", a déclaré de son côté Philip Lowe, le gouverneur de la Banque de Réserve d'Australie, la banque centrale locale, devant une commission parlementaire.
CBA a dit vendredi avoir pris acte des déclarations du régulateur et ajouté qu'elle collaborerait à son enquête.
Certains réclament la démission du directeur général Ian Narev, les accusations de blanchiment n'ayant encore jamais éclaboussé l'une des grandes banques australiennes et constituant par ailleurs le troisième scandale auquel la banque est confrontée depuis qu'il a débuté son mandat.
La banque avait reconnu l'an dernier l'usage de pratiques pour le moins contestables destinées à persuader le public de souscrire des polices d'assurance-vie. Narev lui-même avait présenté des excuses publiques en 2014 parce que des conseillers avaient donné à leurs clients de bien médiocres avis.
La banque a sinon décidé mardi de supprimer les primes de la direction et a constitué une sous-commission chargée d'examiner l'affaire.
Mais ce scandale pousse la population et l'opposition travailliste à réclamer une enquête d'une tout autre envergure dans le système bancaire australien, encore que le ministre du Trésor Scott Morrison ait dit jeudi qu'une "Commission royale" n'était pas envisagée.
L'affaire est suivie de près à l'étranger également car une partie des sommes blanchies auraient été transférées à Hong Kong en particulier, poussant la banque centrale locale à se pencher sur le dossier.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par)