GENEVE (Reuters) - Le groupe de travail chargé de la mise en oeuvre d'une "cessation des hostilités" en Syrie se réunira pour la première fois ce vendredi après-midi au siège des Nations unies à Genève, a déclaré le ministère allemand des Affaires étrangères.
"Nous savons que des discussions intensives ont lieu. Nous nous attendons à des progrès", a ajouté le porte-parole du ministère, Martin Schäfer. "Cette discussion sera co-présidée par la Russie et les Etats-Unis. L'Allemagne y participera également", a-t-il précisé.
Le groupe de travail doit concrétiser l'accord négocié vendredi de la semaine dernière à Munich par les puissances du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) qui appelait à une "cessation des hostilités" dans un délai d'une semaine et un accès humanitaire aux communautés assiégées.
La réunion prévue ce vendredi à Genève, a poursuivi Berlin, "pourrait aboutir à un accord entre toutes les parties qui ont participé aux discussions de Vienne sur une réduction significative des violences". C'est dans la capitale autrichienne qu'a pris forme à la fin de l'année dernière le plan porté par les puissances du GISS et validé par la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Dans la matinée, des responsables militaires russes et américains se sont rencontrés à Genève pour préparer cette réunion, a-t-on appris de sources diplomatiques.
"L'idée derrière tout cela est que la Russie et les Etats-Unis aient une position commune. L'Onu va apparemment proposer un cessez-le-feu et les conditions de sa mise en oeuvre, et va négocier avec les participants", a dit à Reuters un diplomate au fait des négociations.
Cette réunion russo-américaine, a annoncé un vice-ministre russe des Affaires étrangères portait sur les moyens de parvenir à un cessez-le-feu et sur le combat commun contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
Mais, cité par l'agence Itar-Tass, il a ajouté que les frappes aériennes contre les organisations "terroristes" en Syrie devaient se poursuivre.
La France, "très préoccupée" par l'escalade militaire en Syrie, "appelle solennellement le régime et ses alliés, dont la Russie, à cesser leurs attaques contre les civils et à mettre en oeuvre les engagements pris à Munich, le 11 février, de cesser les hostilités aujourd'hui", a déclaré un porte-parole du Quai d'Orsay lors d'un point de presse.
Le ministère français des Affaires étrangères appelle également à une reprise des discussions sur la transition politique sous l'égide de l'envoyé spécial des Nations unies. Staffan de Mistura.
Lancées officiellement au début du mois à Genève, elles ont été rapidement suspendues par De Mistura, qui espérait qu'elles pourraient reprendre le 25 février. Mais dans un entretien publié hier par le quotidien suédois Svenska Dagbladet, le diplomate italo-suédois admet que ce calendrier n'est plus "réaliste".
L'objectif des discussions de Genève et de l'accord sur une "cessation des hostilités" est de favoriser une reprise de ces négociations intersyriennes entre des représentants du régime et de l'opposition.
L'émissaire des Nations unies rentre d'un déplacement à Damas où il a négocié l'accès de l'aide humanitaire aux zones assiégées.
Moscou, qui a intensifié ses bombardements aériens depuis une semaine, espère qu'un accord de cessez-le-feu pourra être conclu ce vendredi, rapportait jeudi l'agence Interfax en citant le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.
L'ambassadeur russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a par ailleurs déclaré que le président syrien Bachar al Assad n'était pas "en résonance" avec la position de Moscou lorsqu'il a récemment affirmé que Damas entendait poursuivre le combat jusqu'à la reconquête de l'ensemble du pays.
(Stephanie Nebehay avec Noah Barkin à Berlin et John Irish à Paris; Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)