par Nidal al-Mughrabi et Dan Williams
GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Un bombardement de la marine israélienne a tué quatre enfants mercredi sur une plage de Gaza, a annoncé un responsable des services de santé, tandis que les activistes de l'enclave palestinienne tiraient plus de cent roquettes en direction du territoire israélien.
En soirée, deux nouveaux raids aériens ont fait six morts, dont deux enfants de quatre et six ans, dans la ville de Khan Younès, selon les services médicaux palestiniens.
Selon un responsable israélien qui a requis l'anonymat, l'Etat hébreu aurait accepté à la demande de l'Onu, pour des raisons humanitaires, de suspendre les hostilités pendant six heures. On ignore quand cette trêve doit entrer en vigueur.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est arrivé au Caire où il a rencontré un dirigeant du Hamas, Moussa Abou Marzouk, pour s'entretenir des efforts en vue d'obtenir un cessez-le-feu durable.
Israël a appelé à l'évacuation de plusieurs secteurs dans le nord-est de la bande de Gaza, menaçant l'enclave palestinienne d'opérations terrestres après avoir suspendu ses frappes pendant six heures la veille dans le cadre du cessez-le-feu proposé sans succès par l'Egypte.
"Le non-respect de ces ordres mettra en danger vos vies et celles de vos familles", précisent les messages enregistrés à destination des habitants des secteurs de Shejaia et de Zeitoun, proches de la frontière avec Israël. Quelque 100.000 personnes sont concernées.
Le ministre israélien de la Défense a demandé au cabinet de sécurité du Premier ministre Benjamin Netanyahu d'autoriser la mobilisation de 8.000 réservistes supplémentaires. L'armée dit avoir déjà rappelé 30.000 réservistes depuis le début de l'offensive il y a huit jours.
DÉTRUIRE LES TUNNELS
Selon les experts israéliens, le but des incursions terrestres est de détruire les bunkers et les tunnels qui ont permis aux combattants palestiniens de résister au pilonnage des forces israéliennes.
Mercredi, 123 roquettes ont été tirées sur Israël. D'après l'armée israélienne, le système antimissile Dôme de fer a intercepté 29 de ces 123 roquettes, les autres se sont écrasées sans faire de victimes. Le ministre norvégien des Affaires étrangères Borge Brende en visite dans la ville d'Ashkelon a dû gagner un abri.
La direction politique du Hamas a officiellement rejeté la proposition de cessez-le-feu du Caire, a annoncé un porte-parole du mouvement islamiste. Sa branche armée l'avait d'emblée repoussée mardi.
Selon Achraf al Kidra, du ministère de la Santé de Gaza, un bombardement de la marine israélienne a tué sur une plage quatre garçons, deux âgés de dix ans, l'un de neuf ans et l'autre de 11 ans, tous membres de la même famille. Un autre garçon a été gravement blessé.
Ahmed Abou Hassera, 22 ans, un témoin de la scène, a déclaré à Reuters que les enfants étaient en train de jouer sur la plage. "Quand le premier obus est tombé, ils se sont enfuis en courant mais un autre obus les a touchés", a ajouté le jeune homme dont la chemise était tachée de sang.
Réagissant à l'incident devant la presse, un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a déclaré à Gaza : "Ces crimes ne réussiront pas à briser notre volonté. Nous poursuivrons la confrontation et la résistance. Nous promettons (qu'Israël) paiera le prix de tous ces crimes."
"PAS D'AUTRE CHOIX"
Plus tôt dans la journée, le pilonnage israélien avait tué au moins huit Palestiniens, dont cinq civils. Un petit garçon de six ans, blessé il y a quelques jours, a succombé à ses blessures, ont indiqué les services de santé du territoire, ce qui porte le nombre de morts à 215 côté palestinien, en majorité des civils.
Selon le Centre Al Mezan pour les droits de l'homme, basé à Gaza, 259 maisons ont été détruites par les frappes israéliennes et 1.034 endommagées ainsi que 34 mosquées et quatre hôpitaux.
Les grandes puissances ont appelé au calme. Elles craignent un bilan bien plus lourd si Israël, qui a mobilisé des milliers de soldats, décide une opération terrestre. La bande de Gaza est une des zones les plus densément peuplées au monde.
Mardi, le gouvernement israélien a suspendu les opérations militaires après avoir accepté la trêve proposée par l'Egypte, mais celle-ci n'a pas mis fin aux tirs de roquettes du Hamas. L'un de ces tirs a coûté la vie à un civil israélien, une première depuis le début des affrontements.
"Il aurait été préférable de résoudre cela par la voie diplomatique et c'est ce que nous avons cherché à faire en acceptant la proposition égyptienne de cessez-le-feu, mais le Hamas ne nous laisse pas d'autre choix que d'élargir et d'intensifier les opérations que nous menons contre lui", a déclaré Benjamin Netanyahu dans une allocution télévisée.
"L'idée, maintenant, est de continuer les frappes aériennes et, si nécessaire, d'entrer avec les forces terrestres de façon tactique et mesurée", a déclaré un responsable israélien après une réunion du cabinet de sécurité dans la nuit de mardi à mercredi.
(Avec Maayan Lubell et Allyn Fisher-Ilan à Jérusalem, Noah Browning à Gaza, Michael Georgy et Yasmine Saleh au Caire; Jean-Philippe Lefief, Marc Angrand et Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)