Offre du Cyber Monday : Jusqu'à 60% de réduction sur InvestingPro.PROFITER DES SOLDES

18 mois de prison requis contre la mère d'un djihadiste

Publié le 06/09/2017 14:16
Mis à jour le 06/09/2017 14:20
© Reuters. 18 MOIS DE PRISON REQUIS CONTRE LA MÈRE D'UN DJIHADISTE

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le ministère public a requis mercredi 18 mois de prison ferme à l'encontre de la mère d'un jeune djihadiste présumé mort en Syrie en août 2016, Belabbas Bounaga, pour "financement du terrorisme", dans un procès qui pourrait faire jurisprudence.

Nathalie Haddadi, 42 ans, attachée commerciale dans une entreprise d'Alsace, comparaissait en citation directe, comme son fils cadet, Tarik, et le meilleur ami de son aîné, Souliman Hamouten, jugés aussi pour avoir envoyé de l'argent à Belabbas.

L'audience, entamée mardi après-midi, s'est achevée à quatre heures mercredi, après plusieurs suspensions de séances et à l'issue de débats tendus au cours desquels cette mère de trois enfants, sans le moindre signe vestimentaire la rattachant à la religion musulmane, est sortie en larmes du tribunal.

Le ministère public a aussi requis trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt contre Souliman Hamouten et un an dont six mois avec sursis pour Tarik Bounaga, mais également 10 ans fermes, avec mandat d'arrêt, à l'encontre de Bellabas Bounaga.

Le ministère public estime qu'il y a un doute sur sa mort ou que ses papiers peuvent être utilisés par un autre djihadiste et la présidente du tribunal a décidé de joindre les deux dossiers.

Les avocats de la mère de famille et de ses coprévenus ont plaidé la relaxe. Ils font valoir qu'ils ont envoyé des mandats à Belabbas avant son arrivée en Syrie et estiment que le parquet n'a pas prouvé qu'ils avaient agi en connaissant ses intentions.

La décision a été mise en délibéré au 28 septembre.

Si les trois prévenus sont effectivement condamnés, les procès de ce type pourraient se multiplier, a dit à Reuters l'avocat de Tarik Bounaga, Matthieu Juglar. "J'ai le sentiment que le parquet veut se servir de ce genre de procédure pour dire aux parents 'attention, on ne vous loupera pas, maintenant'."

"S'il n'y a pas relaxe, c'est le premier procès d'une longue série, ça sera suivi de très nombreux cas", a-t-il ajouté.

Pour l'avocat de Nathalie Haddadi, Hervé Denis, ce procès "risque de faire jurisprudence".

UNE FEMME "COMME TOUT LE MONDE"

La présidente du tribunal avait rejeté une demande de report du procès, formulée par les avocats pour préparer la défense de leur clients et en raison du refus de comparaître d'un témoin clef : une ex-amie de Nathalie Haddadi, auteure du signalement qui lui a valu trois jours et demi de garde à vue en juin.

Une demande par Me Denis de dépôt de question prioritaire de constitutionnalité sur un article introduit en 2001 dans le code pénal visant le financement du terrorisme a subi le même sort.

"Il est clair que le parquet veut que la jurisprudence l'autorise à utiliser cet article dans les cas les plus limites et à taper sur les parents de djihadistes en espérant qu'ils rompront le lien filial", a dit à Reuters cet avocat.

"On ne dit pas qu'il ne faut pas lutter contre le financement du terrorisme. Mais on ne doit pas utiliser ce texte pour incriminer des comportements non intentionnels de parents de jeunes radicalisés qui n'adhèrent pas à ce projet radical."

Belabbas Bounaga, délinquant condamné plusieurs fois, notamment pour trafic de drogue, s'est radicalisé en prison en 2014 et 2015, avant d'être envoyé par sa mère en Algérie chez son père dans l'espoir de le ramener dans le droit chemin.

Belabbas Bounaga est resté six mois en Algérie avant de partir en Malaisie, où Nathalie Haddadi lui a envoyé plusieurs mandats pour un total de 2.800 euros en avril 2016, à sa demande, notamment après une hospitalisation sur place.

Il n'a ensuite plus donné de ses nouvelles. Il n'appellera sa mère qu'une fois arrivé en Syrie.

Elle assure qu'elle ignorait tout de ses projets. En août 2016, elle a finalement reçu un appel de Syrie lui annonçant la mort de Belabbas "en martyr".

© Reuters. 18 MOIS DE PRISON REQUIS CONTRE LA MÈRE D'UN DJIHADISTE

Elle assure n'avoir aucune sympathie pour l'islam radical. "J'ai donné de l'argent à mon fils pour qu'il mange, qu'il se soigne (...) On m'associe à des psychopathes dangereux", a-t-elle confié à France 3 avant le procès. "Je suis une femme active, moderne, je travaille, je suis comme tout le monde."

(Edité par Yves Clarisse)

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2024 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés