par Robin Emmott et Adrian Croft
BRUXELLES (Reuters) - A la lumière des attaques des 7, 8 et 9 janvier en France, les ministres européens des Affaires étrangères ont promis lundi de contrer la menace des djihadistes de retour de Syrie ou d'Irak mais excluent une refonte en profondeur du cadre législatif.
Depuis les attentats au siège parisien de Charlie Hebdo, à Montrouge et dans une supérette casher de la porte de Vincennes, qui ont fait 17 morts, les Européens cherchent une réponse commune à une menace qui a été renforcée par l'alerte de la semaine dernière en Belgique.
"Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est nécessaire pour tenir l'Europe à l'abri de la menace terroriste", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, à son arrivée au conseil ministériel.
Dans les prochains jours, les ministres européens de l'Intérieur devraient également se réunir pour envisager de retirer les passeports ou cartes d'identité des ressortissants européens soupçonnés de vouloir se rendre en Syrie et en Irak.
Interrogé la semaine dernière par une commission du Parlement britannique, le directeur de l'Office européen de police (Europol), Rob Wainwright, a estimé que 3.000 à 5.000 Européens avaient rallié les groupes djihadistes en Syrie et constituaient une menace pour l'Europe.
"Il s'agit certainement de la plus grave menace terroriste à laquelle l'Europe ait été confrontée depuis le 11-Septembre 2001", a-t-il dit.
Plusieurs rendez-vous consacrés à la réponse aux djihadistes radicalisés de retour de zones de conflit auront lieu d'ici au prochain sommet des dirigeants européens, les 12 et 13 février à Bruxelles. Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit devraient alors finaliser une stratégie commune pour contrer la menace.
Parmi les pistes prioritaires figurent la lutte contre le trafic d'armes, un soutien européen aux forces de sécurité d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, un renforcement de la lutte contre les filières qui envoient des Européens se battre au côté des groupes islamistes armés et un contrôle accru des contenus islamistes radicaux qui circulent sur internet, notamment via les réseaux sociaux.
"Le travail à faire est énorme, il porte aussi bien sur la formation de forces de police, l'éducation ou le social", a reconnu le chef de la diplomatie danoise, Martin Lidegaard.
Avant de présider le conseil européen des ministres, Federica Mogherini, la Haute Représentante de l'Union européenne pour la politique extérieure et de sécurité commune, a discuté de ces questions avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Arabi.
"La menace n'est pas seulement celle que nous avons vue à Paris mais elle se répand aussi dans de nombreuses parties du monde, à commencer par les pays musulmans", a-t-elle dit. "Nous devons partager davantage d'informations, nous devons coopérer davantage."
(Henri-Pierre André pour le service français)