Le géant pétrolier américain ExxonMobil a réussi à limiter l'impact négatif de la chute des prix du pétrole l'an dernier grâce à un chèque du Venezuela, qui l'a exproprié du pays, et à ses activités chimiques.
Le plongeon de 60% des prix du pétrole depuis la mi-juin a amputé de 2 milliards de dollars les bénéfices du géant américain en 2014. L'impact a surtout été ressenti au quatrième trimestre où il a gagné 6,57 milliards de dollars, en chute de 21,3% sur un an.
ExxonMobil a réussi à compenser grâce à un gain exceptionnel de 2,2 milliards de dollars lié à des cessions d'actifs et au règlement partiel du différend l'opposant aux autorités vénézuéliennes du fait de son expropriation.
Le géant américain a ainsi enregistré un bénéfice net annuel de 32,52 milliards de dollars (-0,18% sur un an).
La Chambre de commerce internationale, basée à Paris, avait accordé 908 millions de dollars de compensation à ExxonMobil après la nationalisation de certains de ses projets au Venezuela en 2007.
En octobre dernier, le tribunal arbitral international (Cirdri) avait condamné Caracas à lui verser 1,6 milliard de dollars supplémentaires.
Le modèle économique d'Exxon, qui s'étend de l'exploration jusqu'à la vente au consommateur, l'a aussi aidé puisque les activités chimiques ont engrangé un profit de 4,3 milliards de dollars.
Le tableau d'ensemble reste contrasté après que sa production a reculé de 4,9% sur un an à 4 millions de barils équivalent pétrole par jour. ExxonMobil paie l'expiration d'une licence sur une concession à Abou Dhabi.
Une partie de ses activités en Russie, frappée par des sanctions économiques américaines, est en suspens, ce qui a affecté le chiffre d'affaires annuel. Celui-ci est ressorti à 411,9 milliards de dollars (-6% sur un an), soit moins que les 413,06 attendus en moyenne par les marchés.
A Wall Street, le titre prenait 1,18% à 88,44 dollars vers 19H40 GMT.
- 23,6 milliards aux actionnaires -
Les majors pétrolières sont très surveillées depuis quelques mois par la communauté financière qui veut mesurer les conséquences du pétrole bon marché sur leur rentabilité.
Pour préserver à court terme leurs gros bénéfices, elles n'ont pas d'autres choix, selon les experts, que de faire des économies et de procéder à des coupes drastiques dans leurs investissements d'exploration.
Mais à long terme, ces options peuvent s'avérer néfastes car une réduction des investissements porte un coup à l'activité de production et d'exploration pétrolière, locomotive des profits, au moment où les vieux puits s'épuisent.
"Il y a de fortes craintes dans le contexte du déclin des prix du pétrole actuel. Nous sommes persuadés que cela présente de très bonnes opportunités pour alléger notre structure de coûts et nous positionner pour de futurs coups", a déclaré lundi le vice-président d'ExxonMobil, Jeff Woodbury.
Le dirigeant a indiqué que le groupe commençait à peine à évaluer le nombre de puits qu'il veut continuer à forer, le coût de la main d’œuvre et ses frais administratifs.
M. Woodbury s'est voulu optimiste, assurant que le géant pétrolier, qui dispose d'une "grosse capacité financière", saisira les opportunités sans autre détails.
En attendant, ExxonMobil va baisser à 1 milliard de dollars son programme de rachats d'action au premier trimestre 2015, contre 3 milliards de dollars en fin d'année 2014. Il a redistribué au total 23,6 milliards de dollars à ses actionnaires, dividendes compris.
L'an dernier, ExxonMobil a investi 38,5 milliards de dollars, soit 4 milliards de moins qu'en 2013. Il prévoit d'investir un peu moins de 37 milliards de dollars sur les prochaines années.
Vendredi, le rival Chevron a annoncé qu'il allait suspendre tout programme de rachat d'actions et réduire de 5 milliards de dollars ses investissements, tout comme le britannique Royal Dutch Shell.
Pour les experts, ExxonMobil est le groupe pétrolier qui va le plus résister au déclin des prix de l'or noir.
"Les bénéfices dégagés par son activité de production et d'exploration pétrolière sont solides et ça peut continuer", salue Iain Reid, analyste chez BMO Capital Markets.
Paul Ausick chez 247wallst.com met néanmoins un bémol, estimant qu'il serait difficile au groupe d'échapper complètement aux "inquiétudes" liées au prix du brut.