LE CAIRE (Reuters) - Une "normalisation ou banalisation" de la situation en Syrie, où le régime de Bachar al Assad ne donne "aucune indication" de vouloir engager une discussion en vue d'une transition politique, serait "irresponsable", a déclaré Emmanuel Macron lundi lors d'une visite officielle au Caire.
Sur la Syrie, les "convergences" entre l'Egypte et la France "sont fortes", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse avec son homologue Abdel Fattah al Sissi. Il s'agit de "lutter contre le terrorisme islamique" et de s'"assurer qu'une solution politique inclusive sera établie sur le territoire".
"Nous avons convenu que, dans le contexte actuel et alors que le régime syrien n'a donné aucune indication de vouloir engager une discussion politique, la perspective de normalisation ou de banalisation serait irresponsable", a-t-il ajouté. "Notre position est bien de continuer à oeuvrer vers un processus de transition constitutionnelle et politique."
Le conflit syrien, commencé en 2011 sous la forme d'une contestation pacifique, s'est transformé sous l'effet de sa répression par le régime en rébellion armée, rejointe par des groupes djihadistes. Il a fait plus de 360.000 morts et des millions de réfugiés.
Aucune discussion entre les différentes parties n'a permis ces dernières années de trouver une solution à la crise et les précédentes négociations, notamment à Genève sous l'égide de l'Onu, ont toutes achoppé sur la question de l'avenir du président Bachar al Assad et de la mise en place de la transition démocratique.
Après près de huit ans de guerre, le régime syrien, accusé de crimes contre l'humanité par l'Onu, est parvenu, avec l'aide militaire de son allié russe, à reprendre le contrôle des deux tiers de son territoire.
Cette victoire militaire a été suivie par un début de dégel des relations entre Damas et certains pays. Les Emirats arabes unis ont rouvert leur ambassade en Syrie en décembre ; la Tunisie, l'Irak ou encore le Liban appellent quant à eux à un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe où Damas n'a pas siégé depuis le début du conflit en 2011.
Cette "normalisation" suscite l'inquiétude dans les rangs de l'opposition syrienne dont le négociateur en chef s'est dit surpris début janvier de voir certains pays retisser des liens avec le régime et les a appelés à "revoir leur décision".
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)