par John Irish
LE CAIRE (Reuters) - Négociations de paix au Proche-Orient, nucléaire iranien et crise ukrainienne: Laurent Fabius a entamé samedi au Caire un marathon diplomatique qui le conduira également à Jérusalem et Ramallah avant Luxembourg et un retour à Paris où des annonces devraient être faites concernant la conclusion de gros contrats avec l'Arabie saoudite.
Première étape pour le chef de la diplomatie française, l'Egypte où il rencontrait ce samedi ses homologues égyptien, marocain, jordanien et palestinien qui font partie du comité qui suit le processus de paix israélo-palestinien pour la Ligue arabe.
L'objectif pour Paris est de convaincre ses partenaires de mettre la pression sur les deux camps afin de les convaincre de revenir à la table des négociations un an après la suspension des discussions menées sous l'égide des Etats-Unis.
L'initiative menée par la France vise à mettre en place un groupe de soutien international, réunissant les pays arabes et les membres du Conseil de sécurité, et un document fixant les paramètres et un calendrier en vue de la reprise des pourparlers de paix.
"Il ne s'agit pas de faire la paix sans les parties mais d'inciter les parties à faire la paix", a déclaré Laurent Fabius lors d'un point presse au Caire aux côtés de son homologue égyptien Sameh Shukri.
Sa visite au Caire est également l'occasion de préparer la venue de François Hollande en août et de discuter des crises qui secouent la région, notamment la situation en Libye et en Irak.
Après un passage en Jordanie, le chef de la diplomatie française se rendra dimanche après-midi à Ramallah où il rencontrera le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas puis à Jérusalem où une réunion est prévue avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
La marge de manoeuvre de la France est mince mais "il faut agir", souligne-t-on à Paris.
NUCLÉAIRE IRANIEN ET CRISE UKRAINIENNE
Lundi, Laurent Fabius rencontrera à Luxembourg son homologue iranien Mohammad Javad Zarif pour discuter des négociations sur le nucléaire, selon une source diplomatique française.
L'entretien entre les deux hommes sera suivi d'une réunion entre le chef de la diplomatie iranienne et l'ensemble des Européens impliqués dans les négociations avec Téhéran (Allemagne, Grande-Bretagne, France et Union européenne).
"On va voir si on a avancé ou reculé", a précisé cette source. "Il reste beaucoup de travail pour parvenir à un accord solide que nous souhaitons".
Le groupe 5+ 1 (Grande-Bretagne, Chine, France, Russie, Etats-Unis, plus l'Allemagne) et l'Iran ont en principe jusqu'au 30 juin pour trouver un accord définitif réglant la crise du nucléaire iranien, dans la foulée de l'accord-cadre trouvé le 2 avril.
La France est réputée pour tenir une ligne plus dure que ses partenaires dans le cadre de ces négociations.
Mardi, l'agenda diplomatique se concentrera sur la crise en Ukraine avec une réunion en "format Normandie" (France, Allemagne, Russie, Ukraine, inauguré il y a un an en marge de la commémoration du débarquement du 6 juin 1944) au niveau des ministres des Affaires étrangères à Paris.
La situation n'est pas "brillante sur le terrain", il s'agit désormais de mettre des éléments en place avant décembre, souligne une source diplomatique française. "On va voir l'ambiance pour voir si on peut avancer."
Ukrainiens et Russes s'accusent mutuellement de ne pas respecter les accords de Minsk signés en février qui prévoient entre autres l'entrée en vigueur d'une trêve et un retrait des armements lourds. Plus de 6.100 personnes ont péri depuis le début du conflit dans l'est de l'Ukraine en avril 2014.
CONTRATS SAOUDIENS
Le lendemain Laurent Fabius recevra le vice-prince héritier saoudien Mohamed ben Salman à Paris.
Lors d'un déplacement à Ryad début mai, le chef de la diplomatie française avait annoncé qu'une vingtaine de projets économiques représentant plusieurs dizaines de milliards d'euros étaient en cours de discussion entre Paris et Ryad.
Les premières annonces concernant ces projets portant notamment sur les secteurs de la défense et de l'aviation civile devraient être faites mercredi, selon une source diplomatique française. Paris négocie depuis plusieurs mois avec Ryad la vente de patrouilleurs.
Présent aux négociations sur le programme nucléaire iranien qui reprendront en fin de semaine prochaine, Laurent Fabius fera ensuite un aller-retour à New-York le 29 juin à l'invitation du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon. Il y prononcera une allocution au cours de laquelle il devrait souligner l'importance d'aboutir à un accord lors de la COP21 qui se tiendra à Paris en décembre.
La question du climat sera également à l'ordre du jour de la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang le 1er juillet à Paris au cours de laquelle des contrats dans l'aéronautique civile notamment devraient aussi être annoncés.
(Marine Pennetier pour le service français, édité par Henri-Pierre André)