par Elizabeth Piper et Mark Trevelyan
LONDRES (Reuters) - La ministre de l'Intérieur Theresa May est en passe devenir après Margaret Thatcher la deuxième femme à diriger un gouvernement britannique, sa seule rivale à l'élection à la tête du Parti conservateur, Andrea Leadsom, ayant déclaré forfait lundi.
A 59 ans, Theresa May se retrouve seule candidate à la succession de David Cameron, qui avait annoncé juste après le résultat du référendum du 23 juin son intention de démissionner.
Andrea Leadsom et Theresa May devaient normalement affronter le suffrage des 150.000 militants du Parti conservateur et le résultat devait être proclamé vers le 9 septembre.
La victoire de May par forfait signifie que le complexe processus de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne va être conduit par une personnalité qui a fait campagne, quoique sans grande ardeur, en faveur du "maintien" lors du référendum.
Le processus officiel de confirmation de Theresa May à la tête des Tories va être enclenché et, dès qu'il sera bouclé, elle deviendra automatiquement Premier ministre, a indiqué Graham Brady, président d'une commission des Tories chargée du processus de succession. Il n'a pas dit précisément dans quel délai cela pourrait se faire, se bornant à indiquer que le processus devrait prendre fin "très prochainement".
"Il n'y a pas de plus grand privilège que de diriger le Parti conservateur lorsqu'il est au gouvernement et j'aurais été profondément honorée de le faire", a dit à la presse Andrea Leadsom, secrétaire d'Etat à l'Energie âgée de 53 ans.
"Je suis toutefois parvenue à la conclusion que les intérêts de notre pays seraient mieux défendus par la nomination, sans attendre, d'un Premier ministre ayant les coudées franches, disposant d'un large soutien. Aussi, je me retire de l'élection à la tête du parti et je souhaite à Theresa May de réussir pleinement", a-t-elle continué.
Andrea Leadsom était relativement peu connue du grand public jusqu'à ce qu'elle s'engage en faveur du "Brexit". Elle a essuyé récemment de vives critiques après avoir estimé qu'être mère lui donnait, pour conduire le pays, un avantage sur Theresa May, qui n'a pas d'enfants.
"BREXIT SIGNIFIE BREXIT"
La ministre de l'Intérieur, bien qu'ayant fait campagne en faveur du "maintien" dans l'UE, a répété ces derniers jours que "Brexit signifie Brexit" et qu'il n'y aurait pas de nouveau référendum et pas non plus d'autre tentative pour rester dans l'UE.
"En tant que Premier ministre, je ferai en sorte que nous quittions l'Union européenne", a-t-elle dit notamment.
Theresa May doit faire une déclaration dans la journée, a indiqué l'un de ses soutiens.
"Theresa rentre actuellement de Birmingham à Londres et elle fera une déclaration dans la journée, mais en son nom, je dirai juste qu'elle est extrêmement honorée de se voir confier cette tâche par autant de ses collègues députés", a dit Chris Grayling à la presse.
Lors d'un discours à Birmingham, la deuxième ville d'Angleterre, Theresa May s'est engagée lundi à placer le gouvernement au service "des gens simples qui travaillent" et a estimé que le référendum du 23 juin était un vote en faveur de "sérieux changements".
"La seule surprise, c'est que l'on soit autant surpris à Westminster de la volonté de changement des gens. Et ne nous trompons pas, le référendum a été un vote pour sortir de l'Union européenne, mais cela a été aussi un vote en faveur de sérieux changements", a-t-elle dit à la presse et à ses partisans.
"Je n'ignorerai pas l'opinion publique quand elle dit son ras-le-bol de la politique traditionnelle".
"Sous ma direction, le Parti conservateur se placera complètement et sans ambiguïté au service des gens simples qui travaillent. Nous ferons du Royaume-Uni un pays qui oeuvre pour le bien de chacun", a-t-elle enchaîné.
"Nous devons réformer l'économie de manière à ce que davantage de gens profitent de la prospérité du pays. Nous devons remettre les gens aux commandes de leur vie. Nous devons donner davantage d'opportunités aux gens", a continué la ministre de l'Intérieur.
(Kate Holton, William Schomberg et Estelle Shirbon; Eric Faye pour le service français)