par Ian Simpson
WASHINGTON (Reuters) - Des dizaines de milliers d'Américaines ont défilé samedi dans les rues de New York, Los Angeles, Chicago ou encore Washington pour dénoncer la politique de Donald Trump à l'occasion de la deuxième Marche des femmes, organisée un an jour pour jour après l'investiture du président américain.
Au total, des défilés étaient organisés dans plus de 250 villes des Etats-Unis, ainsi que dans d'autres pays comme la Grande-Bretagne ou le Japon.
"Nous ferons entendre notre message dans les urnes cet automne", a déclaré Emily Patton, une organisatrice, à des milliers de manifestantes réunies sur le National Mall à Washington, alors que se profilent les élections au Congrès en novembre. "C'est pourquoi nous vous invitons à vous inscrire dès maintenant sur les listes électorales."
Si une forte mobilisation était attendue, cette Marche des femmes ne devrait pas atteindre les records de 2017.
A Washington, les manifestantes étaient moins nombreuses que l'an dernier, quand la Women's march avait mobilisé 5 millions de participantes à travers le pays pour protester au premier jour de la présidence de Donald Trump, l'un des plus grands rassemblements dans l'histoire des Etats-Unis.
Donald Trump a répondu sur le ton de l'ironie aux marcheuses dans un tweet. "Très beau temps sur notre beau pays, un jour parfait pour que toutes les femmes défilent. Sortez aujourd'hui pour célébrer les tournants historiques, les succès économiques et créations de richesses sans précédent qui se sont produits au cours des douze derniers mois. Le plus faible taux de chômage des femmes en 18 ans!" a-t-il écrit.
Le taux de chômage des femmes s'est établi à 3,7% en décembre, alors que le taux de chômage global dans le pays s'élevait à 4,1%, selon le département du Travail.
Mais Katie O'Connor, une avocate âgée de 39 ans venue de Knoxville, dans le Tennessee, n'était pas sensible à l'argument: "Je crois que cette administration ne fera rien de bon pour les femmes", a-t-elle dit sur le National Mall.
LE POUVOIR AUX URNES
Le président américain a déclaré vendredi que la législation américaine sur l'avortement était trop "permissive" et assuré que son administration défendrait toujours le "droit à la vie".
A Chicago, des milliers de protestataires se sont regroupés à Grand Park avec des slogans tels que: "On ne peut pas soigner la bêtise mais on peut la chasser par les urnes." Les autorités de la ville ont estimé que 200.000 à 300.000 personnes avaient participé au défilé, un chiffre globalement comparable à celui de l'an dernier, même si le cortège semblait plus parsemé.
Comme l'année dernière, de nombreuses manifestantes s'étaient coiffées d'un "Pussyhat", bonnet de maille rose aux oreilles de chat, référence à des propos tenus par Donald Trump qui se vantait en 2005 d'"attraper les femmes par la chatte" et d'en "faire tout ce qu'on veut".
La marche intervient d'ailleurs dans un contexte marqué par l'émergence des mouvements "#MeToo" et "TimesUp" qui dénoncent le traitement dégradant réservé aux femmes à Hollywood et ailleurs.
Mais le défilé de 2018 n'échappe pas aux critiques, notamment de ceux qui lui reprochent de ne pas avoir d'objectif clairement défini. Shikha Dalmia, analyste à la Reason Foundation, regrette que la Marche ne se soit pas, par exemple, saisie de questions telles que celle de l'immigration.
"Se contenter de battre le rappel des troupes féministe me semble à côté de la plaque", a-t-elle déclaré.
Les organisateurs espèrent tout de même que cette nouvelle marche dans tout le pays permettra de donner un coup de projecteur sur l'initiative "Power to the Polls", "le Pouvoir aux urnes", qui doit traduire dans les urnes le climat anti-Trump - comme ce fut le cas lors de la victoire surprise d'un candidat démocrate dans le très conservateur Etat d'Alabama.
Une campagne en faveur des inscriptions électorales a été lancée et ses initiateurs espèrent obtenir un million de nouveaux électeurs avant l'échéance du vote de l'automne.
(Avec Dan Whitcomb à Los Angeles, Don Chiarito à Chicago, Tom Ramstack à Washington, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)