PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, partisan de longue date d'un nouveau traité pour refonder l'Europe, estime qu'un tel texte peut être élaboré d'ici la fin de l'année et adopte une position moins tranchée sur un éventuel référendum sur le sujet, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche.
Qualifiant de "choc qui ouvre une crise historique" la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne lors du scrutin de jeudi, l'ancien chef de l'Etat souligne que l'Europe doit maintenant "agir vite et fort".
Selon lui, "nous pouvons – car il faut aller vite – avoir un nouveau traité dès la fin de l'année".
Reçu samedi par François Hollande à l'Elysée en tant que président du parti Les Républicains (LR), Nicolas Sarkozy avait déjà réitéré sa proposition d'un nouveau traité européen s'articulant autour de cinq axes: Europe des frontières, gouvernement économique, subsidiarité, fin de la prééminence de la Commission européenne et suspension du processus d'élargissement jusqu'à nouvel ordre.
Jusqu'ici fermement opposé à l'hypothèse d'un référendum sur les questions européennes, l'ancien président et probable futur candidat à la primaire de la droite pour 2017 semble ne plus exclure totalement cette éventualité.
Une fois ce nouveau traité élaboré, "chaque pays choisira (...) la façon de l'adopter. On n'a jamais tort de s'adresser au peuple souverain", indique-t-il dans les colonnes du journal dominical.
"Mais référendum ou pas, la priorité, c'est d’apporter des réponses aux attentes très concrètes des Européens sur le fonctionnement de l'Union. L’urgence est sur le fond, contrairement à ce que dit Marine Le Pen, pas sur les modalités de vote", poursuit-il.
Le président de LR semble ainsi se rapprocher des positions adoptées ces derniers jours par les prétendants à l'investiture présidentielle à droite.
La proposition d'une consultation sur la réorientation du projet européen, jusqu'ici proposée par Bruno Le Maire, est également soutenue désormais par Alain Juppé et François Fillon.
Tous excluent cependant l'hypothèse d'un référendum sur le modèle britannique posant la question d'une sortie de la France de l'Union européenne comme le souhaite la présidente du Front national Marine Le Pen.
François Hollande lui a opposé une fin de non recevoir lorsqu'il l'a reçue dans l'après-midi à l'Elysée.
Dans le sillage de la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, le président de la République a souligné la nécessité de relancer l'Europe mais n'a pas évoqué la question d'une éventuelle consultation en France.
Son ministre de l'Economie s'est en revanche prononcé samedi pour l'élaboration d'un nouveau projet européen, qui devrait selon lui faire l'objet d'un référendum à l'échelle des 27 et non pays par pays.
Cette question pourrait engendrer de nouvelles tensions entre l'initiateur du mouvement transpartisan "En Marche !" et le parti socialiste, qui s'était déchiré en 2005 autour du référendum sur le projet avorté de Constitution européenne.
(Myriam Rivet, édité par Eric Faye)