BORDEAUX (Reuters) - Le fonctionnement anormal d'une borne de signalisation est au centre de l'enquête sur la collision entre un TGV et un TER qui a fait jeudi une quarantaine de blessés près de Pau, mais les causes exactes de l'accident ne sont pas encore connues.
Le parquet de Pau (Pyrénées-Atlantiques) a annoncé avoir ouvert une information judiciaire pour " blessures involontaires", précisant qu'elle serait confiée à deux juges d'instruction.
"Si les premiers actes d'enquête semblent révéler le fonctionnement anormal d'une borne de signalisation, il ne peut être affirmé à ce stade que cet éventuel dysfonctionnement soit la cause, ou la seule cause, de cet accident", indique-t-il. Un comité d'experts judiciaires a été constitué et doit se rendre dans les prochaines heures sur les lieux de l'accident, précise le vice-procureur Sébastien Ellul dans un communiqué.
Trois enquêtes au total ont été lancées, auprès du bureau d'enquête et d'analyses (BEA), de la justice et de la SNCF.
Cinq personnes, dont deux en réanimation, étaient toujours hospitalisées vendredi au lendemain de la collision, a indiqué le directeur de l'hôpital de Pau, Christophe Gautier.
Au total, 35 des 40 personnes blessées dans l'accident avaient été hospitalisées, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
Un TGV a été percuté par l'arrière, un incident très rare, par un TER au niveau de la commune de Denguin alors qu'il avait été contraint de ralentir, et la piste privilégiée par les enquêteurs est celle de la signalisation.
"INCIDENT DE RATTRAPAGE"
"Nous avons appris qu'il y avait des interventions de maintenance sur le réseau de signalisation. (...) Il y avait une perturbation sur la signalisation, peut-être due aux très fortes chaleurs dans cette région ", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, sur France inter.
"Il y a eu manifestement des informations ou des erreurs qui ont amené à ce que le TGV précédant le TER roulait à une petite vitesse alors même que le TER s'est présenté à vitesse normale", a-t-il ajouté."Le dernier incident de cette nature dit de 'rattrapage' a eu lieu il y a 20 ans et est extrêmement rare aujourd'hui", ont précisé Alain Krakovitch, l'un des directeurs de la SNCF, et Jacques Rapoport, président de Réseau ferré de France (RFF), lors d'une conférence de presse à Paris.
Dans un communiqué, la SNCF dément que le chauffeur du TER ait franchi le signal suspecté sans ralentir. "Le TER s'est arrêté au signal, puis il est reparti à vitesse normale", indique-t-elle.
Les enquêtes devront déterminer les raisons pour lesquelles le conducteur est reparti et a repris sa route à une vitesse normale.
La borne de signalisation au centre de l'enquête est un système automatique de sécurité "commandant le signal interdisant l'entrée" d'une portion de voie ferrée au train suivant, a indiqué Alain Krakovitch.
"A ce stade rien ne permet d'indiquer que la chaleur a eu une influence sur le système, même si nous n'excluons rien", a-t-il ajouté.
Les deux dirigeants ont expliqué qu'ils n'avaient pu obtenir pour l'instant des informations précises du conducteur du TER "qui est très choqué aujourd'hui encore".
Dans l'attente de l'arrivée des experts, des trains peuvent circuler sur la ligne, mais sur une seule voie."Dès que le procureur de la République nous en aura donné l'autorisation, nous procéderons à l'enlèvement des trains", ont précisé les responsables de la SNCF et de RFF.
Ils ont assuré qu'un audit serait réalisé et "mis en ligne sous huit jours". "Nous prendrons sans délai les décisions qui s'imposeraient suite à l'audit que nous avons commandé".
(Gérard Bon et Claude Canellas à Bordeaux, édité par Sophie Louet)