par Myriam Rivet
PARIS (Reuters) - Manuel Valls a annoncé mercredi une série de mesures, principalement d'ordre fiscal, destinées à renforcer l'attractivité de la place financière de Paris dans l'espoir de séduire les entreprises du secteur, sur fond de sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Le Premier ministre a ainsi concrétisé les intentions affichées par François Hollande, dont les relations avec le monde de la finance n'ont pas toujours été au beau fixe, dans un entretien publié la semaine dernière dans Les Echos.
Paris a ainsi prévu d'allonger la durée pendant laquelle s'appliquent les exonérations fiscales partielles destinées aux impatriés, qui passera de cinq à huit ans, a annoncé Manuel Valls lors d'un forum organisé par Paris Europlace, l'organe de promotion de la place financière de Paris.
Cette disposition, notamment réclamée par le président de Paris Europlace Gérard Mestrallet et la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Les Républicains) représente "un geste de confiance de la France vis-à-vis de ceux qui veulent venir travailler, innover, créer des emplois en France et donc participer au rayonnement de notre pays", a dit Manuel Valls.
Ce régime fiscal particulier, qui prévoit actuellement déjà une exonération de la prime d'impatriation, s'applique aux Français ou résidents étrangers s'installant en France après avoir passé cinq ans à l'étranger.
GUICHET UNIQUE
"Nous voulons (...) que le régime des impatriés devienne le plus favorable d'Europe", a dit Manuel Valls. "C'est un geste de confiance de la France vis-à-vis de ceux qui veulent venir travailler, innover, créer des emplois en France et donc participer au rayonnement de notre pays".
Désireux de faciliter l'installation des particuliers et des entreprises dans l'Hexagone, le chef du gouvernement a évoqué la mise en place, dès la rentrée prochaine, d'un "point d'entrée unique" d'information.
Ce guichet unique permettra aux candidats à l'impatriation ou à l'installation en France de s'informer facilement, dans leur langue, sur les dispositifs fiscaux qui les concernent, a-t-il expliqué.
Toujours dans le domaine de la fiscalité, Manuel Valls a rappelé que le taux de l'impôt sur les sociétés serait progressivement ramené à 28%, contre 33,33% actuellement, en application du "pacte de responsabilité".
Il a également fait part de sa volonté d'engager une discussion avec les collectivités locales pour réfléchir à un éventuel allègement temporaire de la fiscalité locale sur les entreprises et les bureaux.
"WELCOME !"
"Nous agissons pour que la fiscalité française soit plus lisible et convergente avec celles de nos voisins européens", a-t-il déclaré en soulignant que les réformes mises en oeuvre par son gouvernement, dont la loi Travail, ont contribué à développer un "environnement économique plus favorable".
Dans une allocution prononcée plus tôt dans la matinée, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau avait précisé que l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), qui supervise le système financier français, mettrait en oeuvre une procédure d'inscription accélérée pour les institutions financières déjà autorisées dans un autre membre de l'Union européenne.
Dans l'espoir de convaincre également les salariés des entreprises susceptibles d'envisager une relocalisation, Manuel Valls a précisé que des sections internationales seraient ouvertes dans les établissements scolaires pour que les enfants concernés puissent suivre des cours dans leur langue maternelle.
"Bienvenue à Paris, bienvenue en France, welcome! C'est en un mot plus que jamais le moment de venir en France !", a conclu le Premier ministre.
Alors que David Cameron avait déclaré au début du mandat de François Hollande être prêt à "dérouler le tapis rouge" aux éventuels exilés fiscaux français, le ministre des Finances Michel Sapin avait estimé au lendemain du référendum britannique que ce "tapis rouge" pouvait être déroulé dans les deux sens.
Certains groupes financiers installés à la City de Londres pourraient envisager des implantations dans d'autres capitales européennes, alors que son avenir dépend des modalités qui seront négociées pour la sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Le maintien du "passeport européen" - qui permet aux banques implantées dans n'importe quel pays de l'Union européenne (UE) d'opérer dans tous les autres - est notamment conditionné au respect de l'ensemble des règles européennes en matière de liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services.
(édité par Yves Clarisse)