par Vivian Sequera, Maria Kiselyova et Andrew Osborn
CARACAS/MOSCOU (Reuters) - A l'aube d'une nouvelle journée de manifestations de l'opposition, le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré mercredi être disposé à mener des pourparlers avec l'opposition, avec la participation de médiateurs internationaux mais exclu la tenue d'un scrutin présidentiel avant la fin de son mandat, en 2025.
Dans une interview accordée à l'agence de presse russe RIA, il accuse par ailleurs Donald Trump d'avoir ordonné au gouvernement colombien et à la mafia de l'assassiner et remercie Vladimir Poutine pour le soutien que lui apporte la Russie dans cette nouvelle crise.
Il se déclare prêt à des élections législatives anticipées mais refuse de remettre son mandat en jeu, après avoir été réélu en mai 2018 au terme d'un scrutin boycotté par les principaux partis de l'opposition.
"J'ai obtenu 68% des voix. J'ai gagné légitimement. Si les impérialistes veulent une nouvelle élection, qu'ils attendent jusqu'en 2025", a déclaré Nicolas Maduro à l'agence RIA, qu'il a reçue à Caracas.
Maduro, dont le second mandat a débuté le 10 janvier, est ouvertement défié depuis une semaine par le chef de file de l'opposition, Juan Guaido, qui rejette sa légitimité et s'est proclamé le 23 janvier président par intérim du Venezuela, aussitôt reconnu par les Etats-Unis.
"Je suis prêt à m'asseoir à la table des négociations avec l'opposition pour discuter, pour le bien du Venezuela, pour la paix et pour l'avenir du pays", assure le président vénézuélien.
Le dirigeant socialiste se dit parallèlement persuadé que les sanctions américaines imposées à la compagnie pétrolière publique vénézuélienne PDVSA sont illégales.
"Nous le démontrerons", dit-il à RIA, se disant sûr de sortir "victorieux".
Ces sanctions sont l'une des décisions "les plus folles" de John Bolton, le conseiller national à la sécurité de Donald Trump, a-t-il ajouté.
Le président américain s'est à l'inverse félicité mercredi sur Twitter (NYSE:TWTR) que Maduro "souhaite négocier avec l'opposition au Venezuela suite aux sanctions des Etats-Unis et la réduction des revenus du pétrole".
SOUTIEN DE MOSCOU
Le président vénézuélien peut compter dans cette crise sur le soutien de la Russie.
"Poutine nous apporte son soutien à tous les niveaux, et nous l'avons reçu avec beaucoup de plaisir et de gratitude", a-t-il dit à l'agence russe Sputnik.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé mercredi l'opposition vénézuélienne à saisir la main tendue par Maduro.
Il a ajouté que toute médiation internationale devrait être "impartiale" et a dit en discuter avec la Chine ainsi qu'avec des pays latino-américains et européens.
Juan Guaido réclame la mise en oeuvre d'un gouvernement de transition et de nouvelles élections. A ses yeux, Maduro est un "usurpateur".
Le président de l'Assemblée nationale - où l'opposition est majoritaire - a appelé à la tenue de nouvelles manifestations ce mercredi. Il a confié en début de semaine au quotidien français Le Figaro que "tout ce qui pourrait donner du temps à un régime assassin ne sera pas acceptable" et redit que "la solution politique à la crise passe par la fin de l'usurpation du pouvoir, un gouvernement de transition et des élections réellement libres".
Plusieurs pays européens, dont la France et l'Espagne, ont fait savoir samedi dernier qu'ils donnaient huit jours, soit jusqu'au 3 février, à Maduro pour annoncer la tenue de nouvelles élections sous peine de reconnaître Guaido comme président légitime du Venezuela.
"Nous n'acceptons aucun ultimatum, nous ne céderons pas au chantage", a répondu mercredi Maduro à RIA.
(Avec Gabrielle Tétrault-Farber à MOSCOU; Jean Terzian, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)