PARIS (Reuters) - Ségolène Royal a sonné la fin prochaine des cinq dernières centrales au charbon de France en adoptant les conclusions d'une mission sur le prix du carbone confiée au président d'Engie Gérard Mestrallet, à l'économiste Alain Granjean et à l'ex-ministre Pascal Canfin.
Leur rapport propose de concentrer sur les centrales au charbon la mise en place unilatérale d'un prix plancher national du carbone, annoncée au début de l'année.
Ce prix plancher, instauré au 1er janvier 2017, sera d'environ 30 euros la tonne, niveau auquel le gaz, moins émetteur de CO2, et les énergies renouvelables deviennent compétitives par rapport au charbon, confirme le ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer.
"Je retiens la proposition de la mission de le concentrer sur les centrales à charbon de sorte que le gain environnemental soit significatif, tout en préservant la sécurité du système électrique", a expliqué lundi Ségolène Royal.
Aujourd'hui, la combinaison d'un cours très faible de la tonne de CO2 sur le marché européen des quotas d'émission et de prix très bas de la houille rend beaucoup plus rentable de faire tourner les centrales électriques thermiques au charbon, deux fois plus polluantes que les centrales au gaz.
Les modalités du prix plancher, qui pourrait prendre la forme d'une taxe sur la tonne de CO2 ou d'une augmentation des taxes existantes, seront définies d'ici fin juillet afin d'être intégrées au prochain projet de loi de finances.
"Ça va conduire à supprimer quasiment toute production d'électricité au charbon en France", souligne l'entourage de Ségolène Royal.
"CORRIDOR"
Selon le ministère, les centrales au charbon en France fonctionnent aujourd'hui en moyenne chacune 4.000 heures par an, contre 1.700 heures pour les centrales au gaz.
La mise en place d'un prix plancher permettra à la France d'attendre l'instauration au niveau européen d'un "corridor de prix du carbone", un peu sur le modèle du "serpent monétaire", qui limitait la volatilité des changes avant l'euro.
La mission Mestrallet-Granjean-Canfin propose de borner ce corridor par un prix plancher de 20 à 30 euros la tonne en 2020 et d'un prix plafond de 50 euros. Cela permettrait de ne pas mettre sur le marché des quotas d'émission de CO2 si le prix minimum n'est pas atteint lors des enchères.
Prix plancher et plafond seraient augmentés chaque année de 5 à 10% pour que le prix minimum atteigne 50 euros en 2030.
Ségolène Royal a également fait sienne les conclusions de la mission en la matière et confirmé que la France soutiendrait les initiatives européennes en ce sens.
L'objectif est de permettre à la France et à l'Union européenne de respecter leurs engagements en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
La ministre de l'Environnement estime à près d'un milliard d'euros par an, au lieu de 315 millions en 2015, les revenus que pourrait percevoir la France grâce aux ventes aux enchères de quotas d'émission avec un prix du carbone européen d’au moins 20 euros par tonne.
(Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)