par Michael Holden
LONDRES (Reuters) - A 48 heures du référendum sur la place du Royaume-Uni dans l'Europe, décisif pour l'avenir de l'Union, aucune tendance claire ne se dégage des sondages bien que le camp du maintien ait repris du terrain ces derniers jours.
Près de 46,5 millions d'électeurs britanniques devront dire jeudi s'ils veulent se retirer de l'UE ou s'y maintenir, à l'issue d'une campagne à laquelle se sont invités des dirigeants de la communauté internationale, des investisseurs et des multinationales pour dire qu'un Brexit amoindrirait l'influence politique et économique de la Grande-Bretagne et provoquerait une onde de choc dans tout le monde occidental.
Une trentaine de multinationales françaises ont ainsi publié mardi dans la presse britannique une tribune pour appeler les électeurs du Royaume-Uni à voter en faveur du maintien.
"S'il vous plaît, amis britanniques, remain!", lit-on au début de ce texte signé par de grandes entreprises de l'Hexagone de tous les secteurs, de BNP Paribas (PA:BNPP) à Michelin (PA:MICP) en passant par Airbus (PA:AIR), Bouygues (PA:BOUY) et Orange.
Du côté des dirigeants étrangers, François Hollande et son homologue ukrainien, Petro Porochenko, ont lancé à Paris un appel au maintien du royaume dans l'UE.
A Athènes, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a lui aussi souhaité la victoire du "In", tout en estimant que l'UE devait changer.
"BRITS DON'T QUIT !", LANCE CAMERON
En Grande-Bretagne, chaque camp abat ses dernières cartes. Les partisans du maintien ont placardé une dernière affiche qui représente une porte donnant sur le vide et les ténèbres, avec ce slogan: "Si vous sortez, ce sera sans retour".
L'ancien capitaine de l'équipe d'Angleterre de football David Beckham, fort de son immense célébrité outre-Manche, a ajouté mardi sa voix au choeur des partisans du maintien: "Pour nos enfants et leurs enfants, nous devons affronter les problèmes internationaux ensemble et non pas seuls", a-t-il dit.
Le camp du "Bremain", qui comprend le Premier ministre conservateur David Cameron, met l'accent sur ce qu'il présente comme les avantages économiques de l'appartenance à l'UE et sur les risques posés par un départ.
Le chef du gouvernement a invité mardi les Britanniques, et notamment les personnes âgées, à penser aux conséquences d'une éventuelle sortie de l'UE pour le pays et les générations futures.
"Brits don't quit!", a-t-il dit en référence à une citation de Churchill lors de la Seconde Guerre mondiale.
"Dans l'isoloir, vous serez seul. Vous serez seul avec vous-même, pour prendre une décision qui affectera votre avenir, l'avenir de vos enfants et de vos petits-enfants", a-t-il dit dans une allocution télévisée solennelle devant le 10, Downing Street.
"Si l'on vote pour le retrait, ce sera irréversible. Nous quitterons l'Europe pour de bon et la génération suivante devra en subir les conséquences bien plus longtemps que nous autres", a ajouté le Premier ministre.
"C'est très serré. Personne ne sait ce qui va se passer", dit-il par ailleurs dans un entretien accordé au Financial Times, en promettant une hausse des investissements en cas de victoire du "In", parlant d'un "dividende du maintien".
De leur côté, les partisans du retrait enfoncent le clou mardi avec ce qu'ils appellent "l'immigration incontrôlée".
Steve Hilton, ancien collaborateur de David Cameron, explique ainsi que de hauts fonctionnaires ont dit sans ambiguïté dès 2012, au chef du gouvernement qu'il ne pourrait pas atteindre son objectif de limiter le solde migratoire.
"On nous disait, directement et explicitement, qu'il serait impossible pour le gouvernement d'atteindre son objectif tant que nous serions membres de l'Union européenne, laquelle, évidemment, met en avant la libre circulation des personnes en son sein", écrit-il mardi dans les colonnes du Daily Mail.
LE CAMP DU "IN" REMONTE, LA LIVRE AUSSI
Une enquête de l'institut ORB pour le Daily Telegraph crédite le maintien dans l'UE de 53% des intentions de vote contre 46% en faveur du Brexit, alors que le précédent sondage ORB/Daily Telegraph, il y a une semaine, donnait encore un point d'avance aux partisans du "Leave" (sortie de l'UE), à 49% contre 48%.
Un sondage de l'institut NatCen pour le Financial Times donne le "Remain" à 53% des intentions de vote contre 47% au Brexit.
En revanche, l'institut YouGov pour le Times donne le camp du "Out" à 44% contre 42% pour le "In". Et un autre sondage de l'institut Survation voit le camp du Brexit remonter mardi à 44%, à un point seulement derrière le "In" (45%). Or, dans son précédent sondage, publié samedi, le "In" avait encore trois points d'avance sur le "Out".
La campagne a été suspendue pendant trois jours après l'assassinat jeudi dernier de la députée travailliste Jo Cox, qui militait pour le "In". Avant ce meurtre, les sondages donnaient pour la plupart l'avantage au "Brexit".
(Avec Elisabeth O'Leary, John Geddie et Estelle Shirbon; avec Elizabeth Pineau à Paris et Renee Maltezou à Athènes; Henri-Pierre André, Benoît Van Overstraeten et Eric Faye pour le service français)