par Guillaume Frouin
NANTES (Reuters) - Le "oui" au transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes, au nord de l'agglomération, l'a emporté dimanche lors de la consultation de la population de Loire-Atlantique que le gouvernement s'est engagé dans la foulée à "faire appliquer".
Selon les résultats définitifs communiqués par la préfecture, les partisans du projet ont recueilli 55,17% des voix, avec une participation de 51,08%.
Sur la commune de Notre-Dame-des-Landes, le "non" est arrivé en tête avec 73,57% des 1.150 suffrages exprimés. Mais dans une des deux communes qui accueillent l'actuel aéroport, Saint-Aignan-de-Grandlieu, la proportion est pratiquement inversée.
Quelque 967.000 électeurs du département étaient appelés à donner leur avis. Un avis "consultatif" selon la loi mais que François Hollande et Manuel Valls se sont engagés à suivre.
"Le gouvernement fera appliquer le verdict des urnes", a réagi le Premier ministre qui souligne que "la démocratie a parlé" et souligne le "taux exceptionnel" de la participation.
Dans un communiqué diffusé par Matignon, le chef du gouvernement précise que "les travaux préparatoires à la réalisation du nouvel aéroport s'engageront dès l'automne prochain, dans le plein respect des réglementations nationale et européenne".
"Les personnes qui occupent illégalement le site du nouvel aéroport devront partir d'ici le début des travaux. L'autorité de l'Etat et les lois de la République s'appliqueront à Notre-Dame-des-Landes comme partout ailleurs dans le pays", poursuit le communiqué de Matignon.
Le président socialiste du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet, a appelé Europe Ecologie-Les Verts, qui milite pour l'abandon du projet, à respecter le résultat de cette consultation inédite.
"J'attends de savoir où seront les vrais démocrates", a dit pour sa part le président Les Républicains du conseil régional des Pays de Loire, Bruno Retailleau, autre partisan du transfert.
"La volonté démocratique qui vient de s’exprimer doit permettre la réalisation de ce transfert dans la sérénité, la sécurité et le respect de l’État de droit", a renchéri la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, qui a qualifié ce projet d'"essentiel" pour le développement économique de la région.
LES "ZADISTES" VEULENT CONTINUER LA LUTTE
Mais les occupants de la "zone d'aménagement différé" (ZAD) réservée à ce projet d'aéroport, qu'ils ont rebaptisée "zone à défendre", avaient pour leur part annoncé qu'ils ne partiraient pas, quel que soit le résultat de la consultation.
Position confirmée dimanche soir dans un communiqué du mouvement anti-aéroport, après les résultats du vote: "Le cadre, le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés. Celle-ci était basée sur une série de mensonges d'Etat et radicalement inéquitable", lit-on. "Il ne s'agissait pour nous que d'une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport à Notre-Dame-des-Landes."
"Cette lutte se poursuit dès ce soir", ajoutent les "zadistes", qui jurent de continuer à habiter, cultiver et protéger la zone "avec la plus grande énergie" et appellent à un rassemblement "massif" sur place les 9 et 10 juillet.
Une victoire du "non" aurait pu entraîner des conséquences financières lourdes pour l'Etat, le groupe Vinci, dont la filiale Aéroports du Grand Ouest (AGO) a obtenu la concession, entendait en effet obtenir des compensations en cas d'abandon du projet.
La convention passée entre l'Etat et AGO en décembre 2010 prévoit le versement d'indemnités au concessionnaire en cas de résiliation du contrat.
Dans son communiqué, Manuel Valls souligne que la consultation de dimanche a "validé le projet de transfert d'aéroport déclaré d'utilité publique en 2008 (2 pistes), tranchant définitivement le débat sur l'opportunité de ce transfert."
La convention entre l'Etat et AGO évalue le prix de revient de l'aérodrome de Notre-Dames-des-Landes à 408 millions d'euros, toutes dépenses confondues et hors taxe, valeur janvier 2009.
(Avec Sybille de La Hamaide à Paris; édité par Emmanuel Jarry et Henri-Pierre André)