PARIS (Reuters) - Laurent Wauquiez a rejeté la proposition formulée par Nicolas Dupont-Aignan de former une liste d'union pour les élections européennes, selon une lettre signée de la main du président des Républicains dont Reuters a obtenu copie jeudi.
Sollicité, le Rassemblement national, à qui le président de Debout la France (DLF) a soumis la même offre, n'a pas dit s'il lui avait également répondu par voie postale mais, de facto, les relations entre les deux formations, alliées éphémères en 2017, se sont refroidies ces dernières semaines.
Le 24 septembre dernier, au lendemain de la présentation de sa liste pour les européennes lors d'un meeting à Paris,, le président de DLF a écrit à ses homologues de LR et du RN, évoquant une construction européenne capable de rassembler au-delà des partis respectifs.
"Ce manifeste pour l'Europe réorientée, la nouvelle Europe, je l'ai envoyé à la fois à Laurent Wauquiez qui n'a pas de ligne politique européenne, qui hésite entre deux lignes, et à Marine Le Pen, qui n'a pas de candidat", expliquait-il lundi sur BFM TV. "Et je leur ai dit : 'Je suis candidat parce que je suis convaincu qu'il faut qu'il y ait une voix française (...) qui défende une autre Europe, et je serais ravi qu'ils nous soutiennent."
Dans une lettre datée du 9 octobre consultée par Reuters, Laurent Wauquiez oppose une fin de non-recevoir à Nicolas Dupont-Aignan, à qui il reproche en premier lieu son ralliement à Marine Le Pen entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2017.
"La droite que nous portons est prête à la confrontation avec tous les mouvements politiques qui participent à notre vie démocratique. Mais comme je m'y suis engagé à moult reprises, nous refuserons toute alliance électorale aussi bien avec le Rassemblement national qu'avec En Marche", écrit-il.
BONS SONDAGES
"Plutôt que des discussions en coulisse ou des accords d'appareils, nous devons au peuple français un débat démocratique franc et clair. Je ne doute pas que vous y êtes aussi disposé que moi", conclut-il.
Après avoir lancé en juin un appel à Nicolas Dupont-Aignan que ce dernier a rejeté, Marine Le Pen ne semble pour sa part désormais plus disposée à nouer un nouveau pacte pour les européennes.
Son parti est décidé à composer sa propre liste emmenée par l'un de ses membres, peut-être Louis Aliot, comme la députée du Pas-de-Calais l'a dit le mois dernier.
Les deux partis ont d'autant plus de mal à s'entendre que les relations se sont envenimées ces dernières semaines en raison notamment de l'adhésion croissante dont jouit Nicolas Dupont-Aignan au sein de l'ex-Front national.
Au début du mois, deux eurodéputés RN, Sylvie Goddyn et Philippe Loiseau, ont apporté dans une lettre ouverte leur soutien à un rassemblement conduit par Nicolas Dupont-Aignan.
Et dans une tribune datée du 3 octobre, 19 conseillers régionaux élus en 2015 sur des listes Front national-Rassemblement Bleu Marine ont appelé à faire bloc derrière le député de l'Essonne en vue des européennes.
Jean-Lin Lacapelle a estimé le 6 octobre sur Twitter (NYSE:TWTR) que Nicolas Dupont-Aignan s'était "servi du Rassemblement national comme marchepied et il crache dans la soupe".
Alors que le RN est au coude à coude avec La République en marche dans les sondages, autour de 20% des intentions de vote, Nicolas Dupont-Aignan oscille lui autour de 6%, au-dessus de son score obtenu au premier tour de la présidentielle (4,7%). Les intentions de vote pour Les Républicains sont d'environ 15%.
(Elizabeth Pineau et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)