ADEN (Reuters) - La coalition militaire sous commandement saoudien est intervenue dimanche à Aden pour soutenir le gouvernement yéménite après la prise de la ville portuaire du sud par les séparatistes, fragilisant l'alliance qui a concentré ses efforts contre les rebelles chiites houthis, alignés sur le régime iranien.
"La coalition a attaqué une des zones qui constituent une menace directe pour un site important du gouvernement", rapporte la télévision officielle saoudienne, sans donner de précisions sur la cible.
"Ce n'est que la première opération et elle sera suivie d'autres (...) le Conseil de transition du Sud (CTS) a encore une chance de se retirer", précise la chaîne.
La coalition saoudienne a menacé de recourir à la force samedi si les séparatistes ne se retiraient pas des camps militaires du gouvernement qu'ils ont capturés samedi dans la ville, fief du gouvernement reconnu par la communauté internationale, et a ordonné un cessez le feu immédiat.
Selon le coordinateur de l'Onu pour les questions humanitaires citant un rapport préliminaire, les affrontements ont fait au moins 40 morts et 260 blessés depuis jeudi.
Les séparatistes, soutenus par les Emirats arabes unis, ont un programme opposé au gouvernement du président Abd Rabbou Mansour Hadi, mais ils constituaient un élément clé de la coalition qui intervient au Yémen depuis mars 2015 contre les rebelles houthis.
Les forces du CTS, structure politique mise en place par les séparatistes, ont repris les bases militaires du gouvernement et encerclé le palais présidentiel presque vide après quatre jours d'affrontements, au cours desquels neuf civils ont été tués.
Après l'avertissement de la coalition, les séparatistes ont accepté le cessez-le-feu. On ignore toutefois si les combats ont repris.
Les tensions se sont exacerbées la semaine dernière lorsqu'un missile tiré sur un défilé militaire a provoqué la mort de 36 séparatistes. Les affrontements ont éclaté à l'issue des funérailles de plusieurs miliciens, organisées en présence de centaines de personnes sur une colline proche du palais présidentiel.
Cette escalade des tensions complique les efforts de l'Onu visant à mettre fin au conflit au Yémen qui dure depuis plus de quatre ans et a fait des dizaines de milliers de morts.
(Nayera Abdallah, avec la rédaction de Reuters à Aden; Arthur Connan pour le service français)