Le flou persistait vendredi tant sur le sort des salariés de MyFerryLink après la vente annoncée par Eurotunnel de deux des trois navires de la compagnie au Danois DFDS, que sur l'avenir des dessertes avec un nouveau recours de l'autorité britanique de la concurrence.
Le PDG de DFDS Niels Smedegaard, qui a rencontré le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies, a affirmé "vouloir développer son activité après ces acquisitions, en reprenant des salariés de l'actuelle Scop", a indiqué le cabinet de M. Vidalies dans un communiqué.
Lors de cet entretien, l'homme d'affaires danois a toutefois précisé ne "pas être en mesure à ce jour de s'engager sur un chiffre précis", selon le cabinet du secrétaire d'Etat.
M. Smedegaard "souhaite qu'une négociation avec les représentants des salariés, les administrateurs judiciaires et Eurotunnel puisse s'engager pour parvenir à un accord global", précise le communiqué.
Alain Vidalies a pour sa part "indiqué qu'il prendrait les contacts nécessaires pour que cette réunion se tienne rapidement" et "lui a rappelé la vive attention du gouvernement à la question prioritaire de l'emploi", est-il précisé.
Eurotunnel a annoncé dimanche avoir choisi l'offre du groupe danois DFDS pour la vente de deux de ses trois navires, le Berlioz et le Rodin, exploités par la compagnie MyFerryLink sur des liaisons entre la France et l'Angleterre.
Le montant de l'opération n'a pas été révélé par Eurotunnel, pour qui le choix de DFDS "permet d'espérer la meilleure solution possible en termes d'emplois sauvegardés sans interruption des services début juillet".
Eurotunnel avait décidé fin mai de ne pas renouveler son contrat avec la Scop SeaFrance exploitant la compagnie MyFerryLink, et qui court jusqu'au 2 juillet. Cette décision avait relancé l'incertitude autour de l'avenir des 600 salariés de la société.
La direction de la Scop SeaFrance a assuré que DFDS conserverait le personnel des deux navires. Mais le PDG d'Eurotunnel Jacques Gounon a d'ores et déjà prévenu que tous les salariés de MyFerryLink ne seraient pas repris par la société danoise.
Parallèlement à ces incertitudes concernant l'emploi, l'imbroglio juridique entourant la société a rebondi vendredi avec le dépôt d'un recours de l'Autorité de la concurrence et des marchés (CMA) britannique sur la desserte assurée par la compagnie.
"Nous avons déposé une demande devant la Cour suprême (face) à la décision de la Cour d'appel dans le cas Eurotunnel", a annoncé la CMA dans un communiqué. Cette dernière souhaite interdire à la compagnie française de desservir Douvres depuis Calais.
Le 15 mai, la Cour d'appel britannique avait donné raison à la société coopérative et participative (Scop) des employés de MyFerryLink en cassant une interdiction formulée par la CMA à l'encontre de MyFerryLink. La Cour d'appel a jugé que la CMA n'était pas compétente dans ce dossier.
Cet imbroglio juridique a commencé lorsqu'Eurotunnel, qui exploite le tunnel sous la Manche, a racheté en 2012 les bateaux de l'ex-SeaFrance pour les louer à MyFerryLink. Les autorités britanniques estiment depuis que cette situation pose des problèmes de concurrence.
La Scop SeaFrance, coopérative qui opère les navires de MyFerryLink, a été placée jeudi en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), ajoutant aux mauvaises nouvelles pour le transporteur maritime.
Sur les 600 salariés de MyFerryLink, 370 salariés travaillent en CDI sur les trois navires et 106 à quai côté français. D'après Eurotunnel, le solde restant correspond à des CDD, plus quelques dizaines de salariés britanniques.