Les mots devront être bien choisis !
Malgré la très faible inflation confirmée en mars pour la zone euro (0,5%) et sa lente descente aux enfers, la Banque centrale européenne ne semble toujours pas prête à répondre à ce besoin évident de soutien à la croissance, à l’inflation et à l’espoir en Europe. En dépit du très probable statu quo que présentera Mario Draghi à 14:30, le vocabulaire choisi pour cette conférence de presse jouera certainement tout autant que les décisions réelles tant M. Draghi est un habitué des mots rassurants, camouflant une certaine absence de courage et d’engagement en faveur de la croissance. Plus que jamais, et malgré les fortes déceptions qui seront surement suscitées, il conviendra d’analyser comment les marchés interprèteront chaque mot, chaque phrase, de l’homme qui se disait « prêt à tout » pour soutenir l’euro il y a déjà deux ans, au moment fort de la crise des dettes souveraines. Cette conférence de presse sera naturellement le moment fort de la journée pour les opérateurs boursiers, voire de la semaine.
L’énorme marasme économique dans lequel se trouve la zone euro ne devrait rien changer : il semble en effet peu probable que la BCE annonce des mesures fortes aujourd’hui. La rumeur d’un possible « Quantitative Easing » que certains responsables, dont Draghi, ont lancée la semaine dernière restera pour le moment à l’état de rumeur. Tout au plus, un nouvel abaissement du taux directeur (actuellement de 0,25% ; son plus bas niveau historique) et/ou un passage en territoire négatif du taux de dépôt sont envisageables. Mais ces mesures, même cumulées, ne devraient pas réellement relancer la croissance et l’inflation en Europe. L’argument qu’agitera certainement Mario Draghi dans quelques heures, pour justifier un statu quo, sera naturellement la confirmation des prévisions de la BCE. Ces prévisions indiquent une reprise économique progressive et s’établissent sur trois ans… autrement dit, elles n’ont aucune valeur. En somme, plus que jamais, le « magicien » Mario Draghi devra bien peser ses mots s’il veut faire oublier son absence d’engagement et de réalisme.
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 287$ l'once. En D1, le RSI (14) évolue à proximité de sa zone de survente (le niveau des 30). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario haussier ayant pour point pivot les 1 277$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l’achat se situent à 1 299$ et à 1 305$. En scénario alternatif, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 277$, nous tablons sur des cibles à 1 272$ et à 1 265$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 277$) sert de support, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un fort biais haussier, en ciblant particulièrement les 1 299$. Nos précédentes analyses sur l’or ont largement porté leurs fruits à l’occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la troisième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au troisième « tapering », ce montant mensuel est de 55 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers justifiant auprès des opérateurs boursiers les niveaux historiques récemment atteints par les indices occidentaux. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablons sur un arrêt total du programme « QE3 » à la fin de l'année.