Sans surprise, maintien de la politique monétaire
Durant les temps forts du symposium de Jackson Hole (que nous présentions dans nos analyses matinales de la semaine dernière), le gouverneur de banque centrale japonaise (ou « BoJ ») Haruhiko Kuroda a annoncé le maintien du Quantitative Easing japonais pour « éradiquer la déflation ». Si cette politique de « planche à billets » est particulièrement contestable, particulièrement au Japon, elle n’en demeure pas moins le principal instrument de politique monétaire dans l’archipel, ainsi qu’aux Etats-Unis. M. Kuroda a notamment déclaré : « Nous nous sommes engagés à garder la politique accommodante jusqu’à ce que le seuil de 2% (d’inflation) soit atteint et durablement maintenu […] Cela signifie que les anticipations d’inflation sont ancrées à 2% et que cela pourrait prendre du temps ». Cette politique qui détruit littéralement la balance commerciale du Japon a néanmoins pour mérite de sortir petit à petit l’archipel de vingt années de déflation. Elle entraine en effet une forte dévaluation du yen, soutenant de ce fait les exportations nippones mais faisant exploser la facture des importations de l’archipel (qui par définition a d’énormes besoins à l’import). Or, dans ce Japon post-Fukushima où les centrales nucléaires sont à l’arrêt, la facture énergétique est de plus en plus salée, détruisant littéralement la balance commerciale du pays, comme les derniers chiffres publiés l’ont confirmés. Une politique qui a un coût d’autant plus fort que la facture des importations pour un archipel est naturellement plus élevée que pour un pays situé au centre d’une zone commerciale et fort de nombreuses frontières terrestres. Concernant les taux d’intérêt de la BoJ, M. Kuroda a confirmé qu’ils ne seraient pas relevés tant que l’objectif d’inflation fixé à 2% ne serait pas atteint. Ce seuil, toujours d’après le banquier central, devrait servir de base aux négociations salariales avant de possibles hausses générales des salaires (du fait de la hausse du coût de la vie). A ce stade, l’inflation nippone est de 1,3% si l’on exclut le récent relèvement de la TVA. D’après le consensus économique, la hausse des prix devrait cependant se tasser dans les prochains mois. A suivre !
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'Or, l'Argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 276$ l'once. L'actif s'échange toujours au sein d'un cycle baissier. En D1, le RSI (14) évolue en dehors de ses zones de tension. Nos principaux objectifs haussiers de ces dernières semaines ont été validés, et même dépassés : voir nos précédentes analyses quotidiennes (nous sommes haussiers depuis le prix de 1 246$ l'once). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par la déstabilisation de l'Irak, par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions toujours un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 288$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l'achat se situent à 1 296$ et à 1 302$ (cette dernière cible doit être visée avec peu de capitaux, de manière conservatrice). En scénario central, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 288$, nous tablons sur des cibles à 1 270$ et à 1 266$. Nos objectifs baissiers de la semaine dernière ont été validés ou sont en cours de validation (CF l'analyse du 22/08/14). Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 288$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un biais baissier, en ciblant particulièrement les 1 270$. Attention, toutefois : le biais baissier peut rapidement s'affaiblir, selon l'actualité. Nos précédentes analyses sur l'or ont largement porté leurs fruits à l'occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la sixième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au sixième « tapering » (annoncé mercredi 30 juillet), ce montant mensuel est fixé à 25 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers auprès des opérateurs boursiers. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablions sur un arrêt total du programme « QE3 » à l'automne.