Depuis le début du mois, l’euro connait un regain d’intérêt par rapport au dollar pour plusieurs raison. Le début de ce rally haussier a été déclenché par l’intervention (ou plutôt l’absence d’intervention) de la BCE. Mario Draghi a laissé entendre que la baisse des prix ne constituait pas une menace déflationniste pour autant même si la BCE anticipe une inflation faible sur une période prolongée.
Les projections faites donnent une inflation se trouvant toujours sous les 2% à horizon 2016…face à cette situation le marché était clairement partagé sur une possible intervention de la BCE via une nouvelle baisse de taux ou l’annonce de nouvelles mesure de soutien à l’activité et au crédit en zone euro. Il n’en a rien été, Mario Draghi a laissé entendre que le retour de l’inflation se ferait progressivement avec le retour de la croissance en zone euro et le possible rebond des matières premières.
L’euro a bondi face à ce statu quo et cette tendance s’est poursuivie avec l’intervention de Janet Yellen désormais aux commandes de la FED, qui a fait comprendre aux marchés que la politique monétaire resterait accommodante malgré le ralentissement progressif du QE (désormais à 65 mrds$ par mois). Les derniers chiffres économiques inférieurs aux attentes aux Etats-Unis (emploi, ventes au détail, indices manufacturiers et immobiliers) ont également provoqué une affaiblissement du dollar.
Il convient toutefois de rester prudent sur la dernière phase de hausse de l’euro…en effet la tendance de fonds aux Etats-Unis reste celle d’une poursuite du ralentissement du QE3 qui devrait logiquement s’accompagner d’une hausse, même modeste, des taux de la FED. Le différentiel de croissance entre l’Europe et les Etats-Unis devrait également continuer de peser sur la devise européenne à moyen terme.
Face à cette croissance soutenue, la FED ne pourra pas prendre le risque de l’émergence de nouvelles bulles et devra ajuster son niveau de taux à la hausse. Dans les dernières interventions orales des membres du FOMC, cette notion de « hausse de taux » est souvent revenue. Même si aucun d’entre eux ne s’est risqué à s’engager fermement sur ce sujet, la multiplication des références laisse penser que nous pourrions assister à une hausse des taux fin 2014, début 2015.
De l’autre côté de l’Atlantique, l’inflation stagne sous les 1%, loin des objectifs de la BCE à 2%...si la baisse des prix devait se poursuivre la BCE n’aurait d’autres choix que d‘assouplir encore sa politique monétaire (baisse de taux, taux négatifs, LTRO, ABS, etc…) ce qui pèserait sur l’euro.
D’un point de vue technique, la pression baissière se manifestera à nouveau dans la zone des 1.3630$ / 1.3650$. Un retour dans cette zone devrait catalyser la baisse sous les plus bas de fin janvier à 1.3480$ pour se rapprocher de la zone support de novembre 2013 à 1.3295$