Les tendances observées ce matin sur le marché des changes n’ont rien de surprenantes, elles s’alignent parfaitement avec celles qui se sont développées tout au long de l’année 2013.
Ces tendances font-elles débat ?
Dans l’absolue non, car il y a toujours de bonnes raisons pour qu’un marché suive une phase directionnelle bien prononcée mais la place de leader de la monnaie unique européenne suscite toutes les interrogations avec un Euro qui clôture l’année sur ses plus hauts face au Dollar américain.
Je vous propose donc ci-dessous de revenir sur les sources des performances des devises majeures en 2013 et d’envisager ce qui pourrait y mettre un terme.
L'EURO, le leader, la Livre Sterling, la dauphine
LE LEADER – L’EURO : +13.20% en 2013 face aux devises majeures
Cette domination sans peur et sans reproche de la monnaie unique européenne sur le marché des changes crée le débat car elle représente un paradoxe très vif lorsque l’on étudie la situation de la conjoncture économique au sein de la Zone Euro. Le taux de chômage au plus haut, des bilans bancaires encore sous pression, une croissance économique toujours très faible (surtout si on fait la comparaison avec le taux de croissance du PIB aux Etats-Unis) et une politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE) qui appelle à de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire, autant de facteurs qui auraient dû faire baisser l’Euro. C’est pourtant tout le contraire qui s’est produit, l’Euro occupe la première place.
Raisons de la hausse de l’Euro : Retour des actions européennes (moins chères que les actions US selon plusieurs standards de valorisation boursière) dans les portefeuilles des money managers internationaux, croyance par le marché que l’année 2013 représente un bas de cycle économique en Europe, des taux d’intérêt réels supérieurs aux taux d’intérêt réels américains en raison de la désinflation au sein de la Zone Euro (taux nominaux corrigés de l’inflation), des rendements obligataires italiens et espagnols en nette détente cette année 2013… autant de facteurs qui traduise un regain de confiance en vers la Zone Euro, la hausse de l'Euro est donc bien un choix d'arbitrage fait par le marché, un choix qui doit encore faire ses preuves en 2014.
Ce qui pourrait inverser la tendance haussière de l’Euro : Retour de la Zone Euro en récession (retour à un taux de croissance économique trimestrielle négatif), baisse des taux d’intérêt nominaux sur le marché monétaire suite à de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire de la BCE, résurgence des tensions sur la dette souveraine en Italie, en Espagne voir en France.
Notons enfin que la hausse des taux d’intérêt sur le marché monétaire des Etats-Unis (si resserrement monétaire par la FED) créerait un déplacement des capitaux de l’Euro vers le Dollar US.
CONCLUSION : le marché a fait un pari en 2013, celui d’une Zone Euro sortie du gouffre de la récession économique avec de belles années devant elle. Les gérants internationaux ont augmenté la part dédiée aux actions européennes, les économistes anticipent une année 2014 de croissance économique en Zone Euro et le marché écarte une hausse des taux aux Etats-Unis en 2014, autant de facteurs qui soutiennent l’Euro. Si les éléments susceptibles de mettre un terme à la hausse de l’Euro (cités ci-dessus) ne deviennent pas réels, la hausse de la monnaie unique va se poursuivre, une appréciation de l’Euro qui, à terme, mettra en risque la reprise en Europe… le serpent qui se mord la queue…