Le deuxième volet de mesures d’austérité imposé par les créanciers internationaux d’Athènes a été validé par la Vouli (le Parlement grec). Ce vote permet donc d’ouvrir la voie aux négociations d’un troisième plan d’aide international, comme annoncé ces derniers matins. L’issue du vote ne constitue pas une surprise frappante comme prévu, bien qu’Alexis Tsipras ait limité la casse au niveau de la scission politique de Syriza, excluant de facto « d’abandonner volontairement le gouvernement » face à ce mini-succès politique. Décryptage.
Place à la dette !
On ne peut pas parler de majorité large et favorable à Tsipras quant à ce vote : à nouveau, les partis d’opposition lui ont permis de faire passer deux réformes attendues. En l’occurrence, l’une porte sur la justice civile et l’autre sur une directive européenne évoquée hier matin. Politiquement, Tsipras semble malgré tout isolé dans la mesure où il n’a toujours pas de majorité à la Vouli via son parti politique, Syriza. C’est donc à nouveau dans la douleur que les réformes ont été validées par le Parlement. Le débat de la restructuration de la dette grecque devrait suivre ce vote, et ce, dans les tous prochains jours. Rappelons ici que ces nouvelles négociations, qualifiées de « finales » quant à ce troisième sauvetage international, doivent prendre fin avant le 20 août.
Et pour cause, plusieurs échéances majeures (à nouveau : des remboursements envers la BCE et le FMI) attendent Athènes d’ici là. Environ cinq milliards d’euros doivent être réunis par l’équipe de Tsipras pour honorer les engagements du pays, à défaut de retomber dans une sorte de défaut partiel envers l’une des deux institutions. La chancelière Merkel ouvre de plus en plus la porte au débat de la dette : non pas via une restriction pure et simple d’un tiers de la dette comme le demandent, idéalement, la BCE et le FMI mais via une extension des maturités. Ce qui, dans le temps, revient globalement à la même chose. Tout l’enjeu des prochains jours sera donc de surveiller l’évolution de la position allemande, clef de voûte du troisième plan et du retour du FMI au sein de celui-ci.
On pourrait résumer la situation actuelle de manière très triviale en disant que la Grèce a fait le travail qui était attendu, dans la douleur. Place donc aux créanciers pour assumer la seconde partie de ces longues et difficiles tractations, là aussi dans la douleur. Très peu de doutes subsistent quant à l’issue du plan : l’essentiel des obstacles ont été levés ces dernières semaines, en particulier à l’issue des deux votes de la Vouli. Pour autant, les négociations ne promettent pas non plus d’être de tout repos, suscitant certainement d’ici la fin août l’essentiel des attentes du marché (en parallèle de l’arrivée à grands pas du mois de septembre et donc … du très probable relèvement des taux US !). Témoin de cette dernière phrase, Tsipras vient d’assurer toute sa détermination « à tout faire pour améliorer les termes de l’accord […] la présence de la gauche au sein du gouvernement étant un bastion pour la défense des intérêts du peuple ». Citation de l’AFP, légitime et justifiée par la ligne politique de Tsipras mais qui promet (aux yeux du marché) un certain … suspens, pour ne pas dire plus !