Jeudi soir, le traditionnel « symposium » annuel de Jackson Hole ouvrira ses portes. Durant cette grande messe, plusieurs banquiers centraux prendront la parole pour donner des indications quant à leurs politiques monétaires, à leurs visions économiques et à la manière la plus judicieuse de relancer l’économie mondiale. Vaste débat ! Très attendus, les propos de Janet Yellen et de Mario Draghi seront à surveiller. Dans le cas de la grande patronne de la Fed, les opérateurs s’attarderont sur une indication très attendue et qui peut tout à fait être dévoilée plus ou moins volontairement : un échéancier (même imprécis) quant aux relèvements des taux directeurs US. Ces relèvements et les spéculations qui les entourent sont en effet au centre des attentions des opérateurs boursiers dans la mesure où ils constitueraient une véritable bombe sur les marchés financiers mondiaux, bien qu’ils augurent d’une sortie de crise « officielle » de la part des Etats-Unis. Côté européen : il faut s’attendre à l’exacte opposé. En effet, les opérateurs chercheront dans les propos de Mario Draghi une éventuelle annonce d’un Quantitative Easing, version européenne, en ces temps de menaces déflationnistes persistantes et de reprise économique beaucoup trop fragile pour être viable. Néanmoins, quand bien même une telle utilisation d’outils non-conventionnels serait annoncée, elle n’aurait probablement aucun impact en Europe. Les banques du Vieux Continent n’ont pas besoin de liquidité et acheter des tronçons de dettes étatiques (et/ou privées) est rendu presque impossible par l’orthodoxie de la banque centrale allemande (la Bundesbank) mais surtout par les statuts de la BCE. Utiliser ce « bazooka », près de cinq ans après les Etats-Unis, est plus que contestable. De plus, la BCE attend les premiers résultats des mesures annoncées en juin avant de s’engager, semble-t-il, dans cette voie de la dernière chance. Autrement dit : pas avant la fin de l’année. Mais un lapsus, une petite phrase involontaire, une réponse vague… peut avoir les mêmes effets d’un point de vue boursier qu’une annonce en bonne et due forme. Cette grande messe de Jackson Hole est souvent critiquée vis-à-vis de son inutilité. Néanmoins, il convient d’en analyser le contenu dans la mesure où les propos des grands banquiers centraux mondiaux attireront l’intérêt : raison de plus pour surveiller la volatilité en cette période de fin de la trêve estivale. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet durant nos séances de Live Trading à venir. A suivre de près !
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 292$ l'once. L'actif s'échange désormais au sein d'un cycle baissier. En D1, le RSI (14) évolue en dehors de ses zones de tension. Nos principaux objectifs haussiers de ces dernières semaines ont été validés, et même dépassés : voir nos précédentes analyses quotidiennes (nous sommes haussiers depuis le prix de 1 246$ l'once). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par la déstabilisation de l'Irak, par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 310$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l'achat se situent à 1 317$ et à 1 322$ (cette dernière cible doit être visée avec peu de capitaux, de manière conservatrice). En scénario central, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 310$, nous tablons sur des cibles à 1 292$ et à 1 287$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 310$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un biais baissier, en ciblant particulièrement les 1 287$. Attention, toutefois : le biais baissier peut rapidement s'affaiblir, selon l'actualité. Nos précédentes analyses sur l'or ont largement porté leurs fruits à l'occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la sixième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au sixième « tapering » (annoncé mercredi 30 juillet), ce montant mensuel est fixé à 25 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers auprès des opérateurs boursiers. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablions sur un arrêt total du programme « QE3 » à l'automne.