Le marché des devises attendait Draghi au tournant compte tenu du panorama cataclysmique de la haute finance... Après un coup de fil en commun des grands argentiers du G7 qui n'a eu en définitive que peu d'intérêt, le comité de politique monétaire de la BCE a rendu son verdict hier donc. Le refi n'a pas vu son curseur bouger alors que l'on aurait pu croire à un geste -fût-il symbolique- de la part des instances de l'institut d'émission. Toutefois, à son corps défendant, le consensus ne prévoyait pas immédiatement une inflexion sur les taux directeurs par le Transalpin.
Assurément l'institution de Francfort préfère ne pas bruler toutes ses cartouches alors que se profilent des rendez-vous majeurs capables de faire vaciller de plus belle l'ensemble de l'euro zone. En effet, quid en Grèce au lendemain d'une élection législative si d'aventure le parti de la gauche radicale hostile aux plans d'austérité remportait la consultation des urnes ? Il s'agit du gros point d'interrogation qui mine absolument toute la communauté financière. Le retour à la Drachme ne doit pas être écarté et avec lui le tumulte spéculatif sur la solvabilité de certains états du sud reviendrait troubler un jeu déjà très opaque à en juger les récentes applications de trading dans les carnets obligataires.
Quant à l'Espagne, voilà un sujet de discorde (de plus) pour le couple Merkel-Hollande : Berlin ne veut pas que le FESF ne vienne directement au secours des banques ibériques quand Paris fait sienne la supplique symétriquement opposée ! Moscovici a envisagé une telle opportunité au cas où Rajoy en ferait la demande au grand dam de l'Allemagne. Bruxelles de la voix du commissaire Barnier ne veut pas que ce soient les pays qui paient les pots cassés des banques et prône l'union bancaire avec une garantie commune des dépôts chapotée par davantage d'Europe au final. En marge au débat, il appert que la gouvernance de l'UE n'ait pas été sollicitée par le gouvernement espagnol pour s'enquérir des pistes de la rescousse de Bankia comme ce fut annoncé récemment... Outre-Pyrénées on fait juste savoir que le pays prendra une décision dans les quinze jours sur la façon de recapitaliser le secteur bancaire. Il n'empêche qu'hormis une assistance illimitée aux banques avec des prêts de court terme, Draghi en ne bougeant pas les lignes met au pied du mur les politiques européennes. Bref, le proverbe "Aide-toi le ciel t'aidera" est la dédicace implicite envoyée par la BCE aux membres du club euro.
Aujourd'hui un banquier central peut en cacher un autre : c'est au tour de Bernanke de discourir. Face au sénat us, le patron de la Fed pourra-t-il annoncer à son tour dans l'urgence des mesures d'assouplissement en faveur des marchés financiers ? A priori non. Bien que l'oncle Sam fasse montre d'un ralentissement économique avec un chômage coriace et une croissance moins vigoureuse, l'édile de la réserve fédérale devrait ne pas exposer d'initiatives ce jeudi. Tout au mieux il tiendra des propos lénifiants sans pour autant stipuler précisément ses intentions de prime abord. Fatalement les traders ont en tête l'élaboration d'un QE3 assorti d'autres opérations de rollover sur les titres en bilan nommées "twist". Gageons que le moment n'est pas encore venu de faire de telles annonces.
On le comprend à travers le décor et les enjeux, de part et d'autre de l'Atlantique les opérateurs des places boursières et du forex se vouent à des mesures non-conventionnelles des autorités monétaires histoire de relancer la machine qui se grippe dangereusement au point de mettre en péril toute l'économie de la planète. Techniquement sur la paire phare du marché des changes, l'euro se casse le nez sur notre créneau répertorié sur l'échiquier graphique vers 1.2500/20. La veille, le dollar en a profité en retournant en sa faveur en cours de session de trading l'incapacité des supporteurs de la devise unique européenne de s'approprier la bande de terrain. Belle partie au passage de notre BH sur le day trading EUR/USD ayant graifié un reverse sans coup férir. Cependant, à force de persévérance, les courbes sont parvenues à avoir raison de la strate et on peut songer désormais à un peu de repos sur le mouvement entamé avec en fourchette pour trader ce jeudi 1.2630/1.2470. Attention aux adjudications espagnoles ce matin. Sur le front des statistiques aux USA, le chômage hebdomadaire donnera le la.
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