C’est donc fait. La BCE a annoncé son Quantitative Easing souverain (autrement dit : son achat massif de portions de dettes étatiques). Pour autant, le marché fut tout au long de la conférence de presse relativement mitigé. Et pour cause : la BCE ne devrait financier que 30% des 1080 milliards d’euros annoncés. Le reste sera à la charge des Banques centrales nationales. Un montage typique des annonces de Mario Draghi : l’art de rassurer sans vraiment rassurer, de décevoir sans vraiment décevoir. Décryptage.
Nous assistons donc à un excellent départ haussier sur les indices et à une forte baisse d’EURUSD, comme anticipés dans nos précédentes analyses matinales, dans le cas où Draghi rassurerait les marchés. Ce fut chose faite, une fois la conférence terminée. Nous étions alors en séance de Live Trading avec nos clients pour annoncer le « résultat » des courses. Pour autant, ne nous réjouissons pas trop vite de cet excellent levier boursier : les élections législatives en Grèce, ce dimanche, risquent de pénaliser l’euphorie des marchés. Cependant, une victoire partielle de Syriza, notamment en cas de coalition nationale, minimiserait ce bémol.
Nous maintenons donc notre appel à la prudence, bien qu’il soit fortement abaissé désormais (l’essentiel des attentes et des spéculations est derrière nous). Pour rappel : Draghi a donc annoncé une enveloppe mensuelle de 60 milliards d’euros par mois jusqu’en septembre 2016. Malgré cette information, l’Allemagne reste extrêmement critique quant à ce plan, dans la mesure où Berlin ne souhaite pas payer pour les déboires financiers de ses partenaires d’Europe du Sud. En effet, ce chèque donné aux institutions financières (dans la mesure où les Banques centrales européennes n’achèteront pas directement aux Etats des portions de dette mais le feront sur le marché secondaire) est un encouragement pour que le statu quo perdure dans les Etats approximatifs avec la gestion de leurs finances publiques… pour ne pas dire plus.
Au-delà de ce bémol économique, ce QE est annoncé comme un échec. Ses conséquences risquent de se rapprocher de la situation japonaise et non de la réussite américaine, tant les contextes sont comparables (notamment via les risques déflationnistes omniprésents). D’autant que les banques européennes n’ont aucun besoin de liquidités supplémentaires pour « relancer la croissance » via le crédit et la consommation. A défaut de pouvoir se réjouir de cette situation en tant que citoyens européens, profitons au moins de cet énorme potentiel boursier, présenté dans nos précédentes analyses matinales. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France