C’est au tour de José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne d’évoquer les « limites » de l’austérité en Europe. Nous évoquions vendredi dernier les propos de Christine Lagarde (présidente du FMI), plus tolérante envers l’austérité à mener en Espagne. Or, de nombreuses voix s’élèvent en ce sens, dont celles de Jack Lew du Trésor américain ou encore d’Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE.
Derniers en date, les responsables européens s’élèvent petit à petit face aux programmes de réduction budgétaire menés depuis trois ans. José Manuel Barroso évoquait il y a quelques heures : « Tout en pensant que cette politique est fondamentalement juste, je pense qu’elle a atteint ses limites. […] Pour réussir, une politique ne doit pas seulement être bien conçue. Elle doit bénéficier aussi d’un minimum de soutien politique et social ».
« Tout ce que nous avons fait n’était pas juste » a-t-il poursuivi. C’est donc un désaveu clair de Bruxelles face à la volonté de Berlin d’assainir les finances de ses partenaires européens. Cette volonté de flexibilité va se traduire concrètement dans les prochains mois. Bruxelles sera notamment plus tolérante faxe à la limite des 3% de déficit budgétaire imposée par le pacte de stabilité européen.
Jusqu’à présent, les pays en difficulté de la zone euro dont la Grèce, l’Irlande, l’Espagne ou encore le Portugal négociaient avec Bruxelles pour bénéficier de plus de temps afin d’atteindre les objectifs fixés. Cette tolérance, présentée comme « ponctuelle », devrait devenir la norme pour l’ensemble des pays-membres de la zone euro. Par ailleurs, les propos de José Manuel Barroso ne sont pas un hasard de calendrier.
En effet, cette intervention est d’autant plus forte qu’elle intervient le jour de la publication des très attendues statistiques d’Eurostat. En un mot, la conclusion de ces publications est simple : dans les pays les plus en difficulté de la zone euro, les déficits publics sont nettement plus bas qu’en 2008 grâce aux politiques d’austérité menées sous l’impulsion de Berlin. Dans le même temps, la dette de ces pays explose à des niveaux historiques.
La dette moyenne des pays de la zone euro s’élève actuellement à 90,6% de leurs PIB, une première historique qui n’a pas manqué d’être évoquée lors du sommet du G20 de la semaine dernière. Ce nouveau sommet a une nouvelle fois été critiqué quant à son utilité puisque bon nombre d’analystes s’accordent à dire qu’il n’a permis de dégager aucune proposition concrète.
La rigueur est l’ennemi de la croissance, ce n’est un secret pour personne. Or, le G20 s’est longuement attardé sur la panne économique mondiale avec une croissance américaine très modeste, une zone euro qui entre dans une nouvelle année de récession et des pays émergents dont l’activité ralentit fortement. A titre d’exemple, la Chine a connu en 2012 sa pire année de croissance depuis 1999. Même scénario pour le Brésil dont la croissance est fortement menacée par l’inflation.
La situation n’est guère plus rassurante au Japon qui a recours à une politique monétaire particulièrement agressive pour sortir de la déflation, via un Quantitative Easing « illimité ». Plus que jamais, les économies mondiales sont liées les unes aux autres, une nouvelle année de récession en zone euro éloignerait encore une fois l’espoir d’une véritable reprise économique. Après trois ans d’une politique jugée quasi-inutile, les décideurs européens semblent changer de cap. Les prochaines semaines devraient confirmer concrètement cette nouvelle volonté de tolérance et de flexibilité.
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