Hier après-midi, le Premier ministre grec Alexis Tsipras est sorti du traditionnel vocabulaire diplomatique en évoquant la « responsabilité criminelle » du FMI. Des propos qui en disent long à mesure que l’échéance du 30 juin approche. Et ce, alors que la prochaine réunion de l’Eurogroupe se tiendra demain à Bruxelles. Pour l’heure, la trame boursière reste globalement inchangée, dans l’attente de cette rencontre. Mais surtout, le gouvernement grec continue d’afficher son optimisme là où les institutions évoquent l’absence de progrès. Décryptage.
Deux axes majeurs pour cette fin de semaine
L’optimisme du gouvernement de Tsipras ne tient qu’à deux éléments : le temps et l’envie de sauver la zone euro. Le temps tout d’abord, puisque la pression augmente de jour en jour, agrémentée de quelques rumeurs ponctuelles (comme le report, hier, de six mois quant aux échéances de fin juin). Une rumeur rapidement démentie. D’autre part, les partenaires européens, institutions et créanciers internationaux ont trop à perdre d’un défaut de la Grèce pour supposer que l’idée soit objectivement souhaitable dans les chancelleries. Mais surtout, l’ancien journaliste et député de Syriza, Nikos Filis (que nous évoquions ces derniers temps en tant que porte-parole au Parlement grec) a affirmé ces dernières heures : « Nous allons trouver un terrain d’entendre. L’intégration de la Grèce dans l’Europe s’est faite sur la base de réalités politiques économiques et géopolitiques. C’est la même chose aujourd’hui », selon Les Echos.
Une attaque diplomatique clairement lancée en direction de Bruxelles pour rappeler qu’Athènes a d’autres amis. A commencer par la Russie où se rendra Alexis Tsipras ce vendredi. Donc juste après le sommet de l’Eurogroupe. D’autant que ce sommet doit notamment porter sur le maintien des sanctions européennes contre Moscou, dans l’épineux dossier ukrainien. Rappelons que la Grèce a un rôle prépondérant à jouer ici puisque le maintien des sanctions ne peut se faire qu’à l’unanimité des membres. La Grèce peut donc, légitimement, bloquer les sanctions de sorte à accentuer la pression sur son propre dossier, tout en laissant entendre que la Russie a désormais un pied au sein du Vieux Continent.
La transition est toute trouvée bien que le dossier ukrainien n’ait pas permis ces derniers jours d’être à nouveau traité en analyses matinales : mais qu’en sera-t-il dans ce contexte dans les prochains jours ? C’est toute la question puisque l’AFP, Reuters et France 24 couvrent depuis 24 heures l’envoi d’armes lourdes (essentiellement des chars américains) dans les pays baltes. En réponse, la Russie a annoncé le renforcement de son arsenal nucléaire avec le « déploiement de 40 missiles intercontinentaux d’ici fin 2015 ». De quoi alimenter, potentiellement dans les prochains jours, la même trame contextuelle que celle du second semestre 2014, au profit de craintes géostratégiques majeures : écho direct à la Guerre Froide. Mais nous y reviendrons le moment venu, si les opérateurs réintègrent pleinement ce potentiel baissier pour les indices européens.