Le marché du nickel est sous tension, après la décision de l’Indonésie d’interdire les exportations de minerai à partir du début de l’année prochaine, Jakarta souhaitant voir plus de produits transformés sur son territoire.
Or l’Indonésie produit à elle seule plus d’un quart du nickel extrait chaque année dans le monde, selon Les Echos, une production destinée majoritairement à la Chine, grande consommatrice de matières premières.
La décision indonésienne, qui fait logiquement craindre un net déficit de l’offre, propulse les cours du nickel depuis plusieurs jours à la Bourse du métal de Londres, à un plus haut en cinq ans. La réaction des traders est d’autant plus vive que le nickel, un ingrédient indispensable intervenant dans la fabrication des batteries rechargeables, était déjà sous tension après une perturbation de la production dans une usine de Papouasie-Nouvelle-Guinée, liée ici à un problème de pollution.
Pour les producteurs de nickel comme le français Eramet (PA:ERMT), la hausse des prix est plutôt une bonne nouvelle. Elle se traduit d’ailleurs par une forte progression de l’action à la Bourse de Paris depuis jeudi dernier. De quoi faire oublier l’avertissement sur résultats lancé par le groupe lors de la publication de ses derniers résultats ?
Malgré la perspective d’un résultat brut d’exploitation (Ebitda) au deuxième semestre supérieur à celui du premier semestre, grâce notamment aux gains opérationnels réalisés sur les six premiers mois de l’année, l’Ebitda de l’exercice 2019 sera inférieur à celui de 2018, a annoncé Eramet (PA:ERMT) lors de la publication de ses résultats trimestriels (publiés fin juillet). Le groupe dirigé par Christel Bories visait précédemment un Ebitda « proche » de celui réalisé un an avant.
Eramet (PA:ERMT) a réalisé au premier semestre un chiffre d’affaires stable en glissement annuel à 1,8 milliard d’euros, dans « un environnement de prix dégradé et de la poursuite des retards de livraison dans la division Alliages Haute Performance », a expliqué le groupe français. Plusieurs étapes clés ont cependant été franchies durant les six premiers mois de l'année, a précisé Christel Bories, qui pointe les avancées décisives du plan de sauvetage de la filiale calédonienne SLN, les progrès significatifs à l’usine de Sandouville, les nouveaux records de production et la réorganisation des équipes. Les actions enclenchées devraient porter leurs fruits sur la seconde partie de l’année, a-t-elle ajouté.
Les créanciers ont intégré ces nouvelles données, en relevant la prime de risque sur les obligations du groupe. L’obligation Eramet d’une durée résiduelle de 5 ans affublée d’un coupon de 4,196% s’échange sur le marché secondaire aux alentours de 98,435% du nominal, correspondant à un rendement d'environ 4,60%. Elle réagit aux dernières évolutions du prix du nickel, de manière mesurée, avec une augmentation de son prix d'environ 3/4 de points.
Libellée par coupure de 100.000 euros, cette souche obligataire ne bénéficie d’aucun rating chez Standard & Poor’s.