Bombardier (TO:BBDb) est en pleines turbulences. En cause, l’avertissement sur résultats lancé le 15 janvier dernier. Les analystes et les investisseurs s’inquiètent désormais pour la trésorerie de l’entreprise et sa capacité à financer ses projets en cours.
Rattrapé par le ralentissement économique, le groupe ferroviaire et aéronautique canadien a annoncé il y a une dizaine de jours l’arrêt du développement de son nouveau jet d’affaires Learjet 85. En parallèle, il a indiqué de nouvelles coupes sombres dans l’emploi et des charges exceptionnelles liées à ces réductions de poste. Au total, Bombarbier aura supprimé 4.500 jobs depuis le début de l’année dernière.
En parallèle, l’avionneur a révisé à la baisse ses prévisions financières pour 2015. Il a également averti qu’il anticipait un net repli du flux de trésorerie lié aux activités opérationnelles de sa division aéronautique. Il compte sur 800 millions de dollars pour cette année contre une prévision antérieure comprise entre 1,2 milliard et 1,6 milliard.
Le directeur financier Pierre Alary a tenté de rassurer, indiquant que Bombardier disposait d’assez de fonds pour financer le reste de son programme de développement (comme le Global 7.000/8.000 ou le CSeries). Au 31 décembre 2014, les sources de financement disponibles à court terme totalisaient 3,8 milliards dollars dont 2,4 milliards immédiatement disponible a précisé Alary.
Déficit de trésorerie
« Le déficit de trésorerie ne devrait pas s’inverser et le bilan est tel que l’entreprise aura besoin de capitaux frais » relève toutefois Joseph Nadol, analyste chez JP Morgan Chase. Un avis partagé par les agences Fitch Ratings et Standard & Poor’s, dégradation à la clef.
Fitch Ratings a révisé ses perspectives sur la dette de la société de stable à négative, invoquant des « préoccupations accrues » sur la génération de trésorerie et pour les liquidités du groupe de Montréal.
Standard & Poor’s a pour sa part dégradé la note de l’avionneur canadien de « BB- » à « B+ » avec une perspective à « neutre ». Outre les retards dans les programmes de développement et la révision à la baisse des prévisions, l’agence estime que le niveau actuel des liquidités « laisse vraiment peu de place à de nouveaux retards » pour les projets en cours.
Chute des obligations, bond des CDS
Signe de la fébrilité du marché, les obligations ont lourdement chuté sur le marché secondaire ces derniers jours et les contrats CDS se sont envolés.
Pour ne citer qu’un exemple, l’emprunt Bombardier d’une maturité égale au 15 avril 2019 est disponible actuellement à 92,60% du nominal. Il se négociait encore à 100% du nominal début janvier. Son rendement atteint 6,79% sur base d’un coupon de 4,75%.
D’une manière plus générale, la prime d’assurance pour s’assurer contre un défaut de paiement (dit contrat CDS pour Credit Default Swap) de Bombardier s’est envolée. Le CDS à 5 ans a bondi de 70% sur ces trente derniers jours.
« La hausse de la prime d’assurance peut être attribuée aux inquiétudes concernant la génération de trésorerie et les liquidités de l’entreprise, ainsi qu’au report du programme Learjet » résume Diana Allmendinger de l’agence Fitch Ratings. Au niveau actuel des CDS, « c’est comme si la dette de Bombardier était déjà notée « B- » contre « B+ » jusqu’à présent ».
La prochaine échéance obligataire de Bombardier est fixée en janvier 2016, avec un emprunt de 750 millions de dollars (coupon de 4,25%) à rembourser.