Risque événement : positionnement sur les valeurs refuges
Les marchés montrent des signes clairs de frilosité, la crise ukrainienne ne semblant pas près d'être résolue. D'après Reuters, la Russie a lancé de nouveaux exercices militaires près de la frontière avec l'Ukraine. Rien n'indique que les discussions récentes aux Nations unies ou à Londres aient convaincu la Russie de faire machine arrière. Le référendum sur la Crimée va probablement peser sur la propension au risque aujourd'hui. A l'approche du week-end, nous nous attendons en outre à des positionnements sur des valeurs refuges, telles que le dollar, l'or et le franc suisse, qui devraient enregistrer de nouvelles hausses compte tenu de la possibilité du rattachement de la Crimée à la Russie à l'issue du scrutin de dimanche. A court terme, il existe, selon nous, de sérieux risques d'escalade de la crise dans le sillage du référendum, sous forme d'une éventuelle imposition de sanctions à la Russie par le G7, voire d'un conflit armé. Quoi qu'il en soit, les valeurs refuges resteront recherchées.
Draghi, l'inflation et l'euro
Les propos tenus par le président de la Banque centrale européenne montrent que les responsables de l'institution francfortoise ont pris conscience de la grave menace de déflation résultant du contexte de basse inflation et qu'ils reconnaissent le rôle joué par un euro fort dans la politique monétaire. C'est moins la teneur des commentaires que l'infléchissement des priorités qui a retenu notre attention. Concernant l'inflation, Mario Draghi a assuré que "tout risque tangible de désancrage des perspectives d'inflation sera contré par de nouvelles mesures de politique monétaire". Par ailleurs, eu égard au bas niveau de l'inflation et au taux de change effectif de l'euro, le patron de la BCE a déclaré que "l'euro entrait de plus en plus en ligne de compte dans notre évaluation de la stabilité des prix". Le marché était manifestement à l'écoute, à en juger par la chute brutale de 60 pips de l'EURUSD. Il est toutefois peu probable que cette intervention verbale aura un effet durable si elle n'est pas suivie d'effet. Et nous doutons de la volonté de M. Draghi d'ajuster la politique monétaire, surtout au vu de la récente hausse de l'IPC.
Chine : affaiblissement de la croissance
Les chiffres moroses de la production industrielle et des ventes de détail publiés hier par la Chine n'ont pas impacté le léger redressement des marchés actions asiatiques. Nous craignons cependant que ce regain de l'appétit pour le risque soit de courte durée. Les matières premières et les monnaies corrélées seront particulièrement éprouvées. Une incertitude croissante entoure les perspectives de la Chine et la capacité des responsables politiques à réussir la transition en douceur de l'exportation à la consommation intérieure. La préoccupation première est la volonté manifeste des autorités de contrôler le marché du crédit et de gérer une large part du marché financier, ce qui pourrait mener à court terme à des distorsions et à une volatilité excessive. Si, de l'avis général, la PBoC devrait conserver une politique accommodante, nous pensons qu'elle pourrait trouver des raisons d'opérer un resserrement dans certaines conditions. Le problème qui se pose actuellement est celui de l'absence de demande de matières premières pour l'activité manufacturière du fait de la décélération de la croissance chinoise. Il en résultera une baisse des prix des matières premières ainsi que des exportations des pays émergents de la région. Les retombées se font sentir sur les métaux industriels destinés à l'activité manufacturière et utilisés comme collatéraux d'emprunts. Les autorités tentent de gérer ce processus financier non régulé, d'où des pressions vendeuses sur les métaux industriels (notamment le cuivre). La menace réelle d'un ralentissement de la demande et la perception d'un risque événement en Ukraine devraient commencer à peser lourdement sur les actifs à risque.
EUR/USD L'EUR/USD a complètement inversé sa tendance hier, avertissant d'une fausse cassure potentielle de la forte résistance des 1,3893. Cependant, la configuration technique à court terme reste positive tant que le support des 1,3834 (plus bas du 11/03/2014) restera intact. Un autre support est assuré par le canal haussier (autour de 1,3761). La paire peut maintenant trouver une résistance à 1,3967 (plus haut du 13/03/2014). À moyen terme, la formation potentielle d'un triangle ascendant favorise un autre mouvement haussier éventuel vers 1,4368. Une résistance majeure se trouve à 1,4247 (plus haut du 27/10/2011), alors qu'un support clé se trouve à 1,3643 (plus bas du 27/02/2014).
GBP/USD La paire GBP/USD a complètement effacé ses gains d'hier, créant un retournement baissier intrajournalier. Il convient de surveiller de près le support horaire à 1,6569 (plus bas du 12/03/2014). Un autre support est assuré par la ligne de tendance haussière (autour de 1,6428). D'autres résistances se trouvent actuellement à 1,6718 (plus haut du 13/03/2014) et à 1,6786 (plus haut du 07/03/2014). À long terme, la structure technique favorise une tendance haussière tant que le support des 1,6220 (plus bas du 17/12/2013) restera intact. Une rupture décisive de la résistance à 1,6668 ouvre la voie à une évolution vers la résistance majeure des 1,7043 (plus haut du 05/08/2009). La récente baisse ressemble à une correction au sein de la tendance haussière sous-jacente.
USD/JPY L'USD/JPY poursuit sa chute et se rapproche maintenant de la zone de support comprise entre 101,20 (plus bas du 03/03/2014) et 100,76. Des résistances horaires se trouvent à 102,42 (plus haut intrajournalier) et à 102,86 (plus haut du 13/03/2014). On anticipe une tendance haussière à long terme tant que la zone de support clé formée par la moyenne mobile quotidienne à 200 jours (autour de 100,26) et 99,57 (voir aussi la ligne de tendance haussière commencée à partir d'un plus bas de 93,79 (13/06/2013)) restera intacte. Une résistance importante se situe à 110,66 (plus haut du 15/08/2008).
USD/CHF La paire USD/CHF a touché de nouveaux plus bas importants, confirmant une autre baisse à moyen terme vers le support majeur des 0,8568. La structure technique à court terme sera négative aussi longtemps que les prix resteront au-dessous de la résistance située à 0,8816 (plus haut du 07/03/2014). La paire s'attaque à la première résistance des 0,8760 (plus haut intrajournalier). Un support horaire se trouve maintenant à 0,8699. Dans une perspective à plus long terme, la structure présente depuis 0,9972 (24/07/2012) est considérée comme une grande phase de correction. Toutefois, la cassure du support clé à 0,8800 (plus bas du 27/12/2013) ouvre la voie à une autre chute vers le prochain support clé à 0,8568 (plus bas du 27/10/2011).