Comme annoncé hier matin, l’analyse du jour est dédiée au dossier grec. Hier, Alexis Tsipras et Angela Merkel se sont entretenus pour évoquer la dette abyssale grecque. Et ce, alors qu’Athènes doit rembourser 8,6 milliards d’euros ce mois-ci à la BCE, au FMI, en prestations sociales et en salaires pour les fonctionnaires grecs. Cette rencontre à haut risque devait permettre à Athènes de se financer à court terme via la BCE. Rappelons que le contexte est explosif, les partenaires européens s’impatientent quant à la mise en œuvre des réformes annoncées par Tsipras ces dernières semaines. Décryptage.
La presse économique n’a pas manqué de faire dans le sensationnel quant à cette rencontre entre Merkel et Tsipras : « Rencontre de la dernière chance » étant l’une des phrases les plus courantes ce matin. Pour l’heure, Tsipras semble avoir présenté à Merkel une liste qu’il juge « concrète » de réformes pour justifier le soutien financier européen envers la Grèce. Pratiquement aucune information n’est accessible au moment de l’écriture de cette analyse quant au contenu de cette liste de réformes. Elle devrait plutôt être saluée par les opérateurs financiers, allant dans le sens d’une victoire de Bruxelles dans ce dossier épineux. Toute nouvelle négociation, comme celle que nous couvrions vendredi, devrait aller dans ce sens à l’occasion de « petites phrases » révélées notamment par Traders Talk.
Tsipras s’est donc rendu hier, pour la première fois depuis son élection, à Berlin. A l’issue de la rencontre, Merkel a commenté en conférence de presse que des « questions difficiles » et des « désaccords » entre les deux exécutifs s’étaient manifestés. Toujours durant cette conférence de presse qui a agité dans le bon sens du terme notre trame boursière (mise à jour aujourd’hui, voir la suite de l’analyse), Merkel a commenté : « Nous voulons une Grèce économiquement forte. Qu’il faille pour cela des réformes structurelles et une administration efficace, je crois que nous sommes tous d’accord là-dessus ». Seule déclaration véritablement intéressante de Tsipras : « Le plan de sauvetage n’a pas été un succès », évoquant l’effondrement de 25% du PIB national, l’explosion du chômage et des inégalités sociales en Grèce.
Cette aide immédiate que demande Tsipras est indispensable pour que la Grèce puisse assumer ses responsabilités dans les prochaines semaines, d’ici le prochain déblocage (quand bien même partiel) de la tranche supplémentaire d’aide décidée le 20 février dernier, à hauteur de 7,2 milliards d’euros. Il y a une petite dizaine de jours, le Financial Times avait dévoilé un courrier officiel de Tsipras revenant sur la faillite imminente du pays, sans cette tranche supplémentaire. Aucun doute sur le fait que les Européens chercheront à éviter à nouveau ce scénario catastrophe mais force est de constater que cette situation a provoqué le mini-sommet de vendredi dernier, que nous couvrions via notre analyse matinale (du 20 mars, donc). Nous reviendrons donc sur le danger que représente ce dossier à moyen terme, à mesure que l’échéance de juin approche. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France