Deux dossiers géopolitiques majeurs agitent actuellement les marchés financiers mondiaux. Le premier, que nous traitons régulièrement, est bien entendu la situation explosive entre l’Ukraine et la Russie (voir notre analyse d’hier). Le second, plus propice à agiter les marchés pétroliers, est la crise politique que traverse actuellement l’Irak. Après plusieurs jours d’intenses tractations, le nouveau Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi a reçu un soutien massif de la communauté internationale. Cette élection intervient sur fond de grave crise militaire contre les djihadistes de l’EIIL qui occupent toujours près d’un tiers du territoire irakien. A ce stade, ces tensions n’ont pas réellement entravé les exportations de pétrole irakien, et pour cause : les régions du Nord, occupées, ne sont pas aussi bien équipées ni aussi riches en pétrole que celles du Sud, sous contrôle irakien. Washington, au moment où Haïdar al-Abadi fut officiellement reconnu, a annoncé l’envoi de 130 conseillers militaires à Erbil pour soutenir les combattants kurdes (issus des provinces autonomes du Nord) afin de repousser l’avancée de l’EIIL. Cette annonce intervient près de cinq jours après la reprise des bombardements américains sur les installations djihadistes. Barack Obama exclut néanmoins toute intervention terrestre pour appuyer les troupes loyales à Bagdad. Pour rappel, les troupes américaines se sont retirées du pays fin 2011, comme s’y était engagé le président Obama au début de son premier mandat. A l’instar de l’Ukraine, la stabilisation politique et économique de l’Irak passe par sa victoire militaire sur le terrain. Dans les deux cas, ces tensions auront tendance à maintenir nos différents objectifs boursiers présentés dans la suite de l’analyse. Rappelons également que la trêve estivale boursière touche bientôt à sa fin ; les volumes devraient peu à peu croitre d’ici début septembre pour reprendre un rythme plus habituel. D’ici là, la volatilité des marchés devrait en toute logique rester élevée. La prudence et une bonne vision fondamentale sont donc plus que jamais à recommander. A suivre !
Zoom sur l'or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l'engouement actuel pour les valeurs refuges comme l'or, l'argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd'hui à l'or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement autour des 1 307$ l'once. L'actif s'échange toujours au sein d'un cycle haussier. En D1, le RSI (14) évolue en dehors de ses zones de tension. Nos principaux objectifs haussiers de ces dernières semaines ont été validés, et même dépassés : voir nos précédentes analyses quotidiennes (nous sommes haussiers depuis le prix de 1 246$ l'once). Si les récents mouvements de la valeur sont grandement liés aux craintes soulevées par la déstabilisation de l'Irak, par le dossier ukrainien et par le ralentissement économique en Chine, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour la séance en cours, nous privilégions un scénario haussier ayant pour point pivot les 1 305$. Au-dessus de ce niveau, les cibles envisageables à l'achat se situent à 1 323$ et à 1 329$ (cette dernière cible doit être visée avec peu de capitaux, de manière conservatrice). En scénario alternatif, donc en dessous de ce point pivot situé à 1 305$, nous tablons sur des cibles à 1 301$ et à 1 297$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 314$) sert de résistance, comme actuellement, nous nous concentrerons sur un trading range avec un biais haussier, en ciblant particulièrement les 1 323$ (ce niveau a été atteint plusieurs fois ces derniers jours et constitue notre principal objectif haussier dans l'immédiat). Attention, toutefois : le biais haussier peut rapidement s'affaiblir, selon l'actualité. Nos précédentes analyses sur l'or ont largement porté leurs fruits à l'occasion des dernières séances de trading.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette troisième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est réduit, pour la sixième fois. Initialement, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, suite au sixième « tapering » (annoncé mercredi 30 juillet), ce montant mensuel est fixé à 25 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers auprès des opérateurs boursiers. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablions sur un arrêt total du programme « QE3 » à l'automne.