Après avoir bouclé en début d’année l’une des plus importantes restructurations de dette jamais négociées en France, portant sur 2,8 milliards de dollars, la société française de services pétroliers CGG (PA:GEPH) vient d'émettre un emprunt obligataire en euro/dollar.
Dans un communiqué, le groupe indique que CGG Holding (U.S.) Inc, filiale indirecte détenue à 100% par CGG, a émis pour 300 millions de dollars d’obligations de type senior de premier rang garanties, venant à échéance en 2023 et rémunérées par un coupon fixe de 9%.
CGG Holding US a également émis pour 280 millions d’euros d’obligations de type senior de premier rang garanties, venant à échéance en 2023 et assorties d’un coupon fixe de 7,875%.
Emises au pair, ces deux nouvelles obligations se traitent dans les premiers échanges toutes deux à 104% du nominal. Les coupures sont fixées à 200.000 dollars et 100.000 euros.
Les fonds levés, complétés des liquidités, permettront au groupe de procéder au remboursement intégral d’un emprunt arrivant à maturité en 2023, ajoute CGG. Ce refinancement lui permettra également de faire des économies d’intérêts, puisque l’emprunt qui sera remboursé affichait un coupon variable d’environ 11%.
Prime élevée
L'ancienne Compagnie générale de géophysique, qui emploie environ 6.000 personnes, dont 1.600 en France, a donc dû mettre le prix pour pouvoir lever l’équivalent de 645 millions de dollars, avec des rendements environ deux fois supérieurs à la moyenne observée sur le compartiement « high yield ».
Il faut dire que cette émission intervient seulement deux mois après un lourd processus de restructuration, l’un des plus importants jamais négociés en France, qui a permis au bureau d’étude sismique de réduire son endettement de 1,6 milliard de dollars.
CGG est pour rappel l’un des leaders des services géophysiques et sismiques intégré, avec environ un quart du marché mondial, ainsi qu’un leader mondial des équipements géophysiques à travers sa filiale Sercel. Ses activités consistent à enregistrer, traiter et interpréter les données sismiques terrestres et marines pour le compte des grandes compagnies pétrolières et gazières, ses principaux clients.
Face à l'effondrement des prix pétroliers ces dernières années, les compagnies pétrolières et gazières ont réduit leurs investissements et les revenus du groupe ont été divisés par trois en quelques années.
CGG a parallèlement accumulé les pertes qui ont dépassé le milliard de dollars en 2014 et 2015, avant d'être ramenées à un peu plus de 500 millions en 2016, résultat d'un plan de transformation radical.
Mais face à un endettement élevé et un cours de bourse en berne, le groupe n’a pas pour faire l’économie d’une restructuration financière.
"CGG a traversé une période difficile", a déclaré à Bloomberg Marc Pierron, analyste crédit chez Spread Research, ajoutant qu’il était "encore difficile de connaître le rythme exact de la reprise sur le marché sismique. L'entreprise doit dès lors payer une prime élevée".
Rating « B3 » chez Moody’s
Du côté des agences de notation, Moody's Investors Service a attribué aux nouveaux emprunts un rating « B3 », soit six crans en-dessous de la catégorie investment grade, à savoir les investissements jugés de qualité solide par l'agence.
Moody's s'attend notamment à ce que CGG réduise sa dette brute ajustée à environ 5,5 fois ses bénéfices cette année, contre 10,7 fois en 2017.
Dans un rapport publié il y a un mois, les analystes de l’agence expliquent que "le bilan de CGG est désormais mieux armé en attendant la reprise du marché des géomètres sismiques", tout en avertissant que "le moment d'un rebond complet demeure incertain".