Deux éléments retiennent notre attention ce matin. Les chiffres catastrophiques de l’emploi américain (les plus mauvais depuis décembre 2013), dévoilés lors de la demi-séance de vendredi, semblent en partie digérés. L’essentiel de la réaction est derrière nous ; reste à découvrir la réponse de Wall Street dès cet après-midi, entre espoirs du maintien d’une politique monétaire accommodante par la Fed et craintes autour des créations de postes. Mais au-delà de ce tacle, les opérateurs boursiers guetteront dans les prochaines heures le dossier grec, alors que la date fatidique de jeudi approche à grands pas. Décryptage.
Ce jeudi, et comme nous le couvrions la semaine dernière, Athènes doit rembourser une partie de ses engagements envers le FMI. Or, le pays négocie actuellement avec ses partenaires européens pour éviter son défaut de paiement : faute de fonds lui permettant d’honorer ses dettes immédiates. Sans même considérer la dette abyssale et constante du pays. Désormais, les craintes d’un tel défaut de paiement ont largement pris le dessus sur les espoirs suscités par l’équipe d’Alexis Tsipras quant à une possible sortie de crise. Plus que jamais, le Premier ministre grec a d’énormes difficultés à convaincre : à jamais tiraillé entre promesses électorales et pressions diplomatiques. Mais ces pressions entre dirigeants européens semblent néanmoins apaisées, partiellement, par les nombreux tête-à-tête qu’a obtenu Tsipras avec ses homologues ces derniers jours, réclamant un « compromis honnête ».
Mais le mal est fait. Les dissonances se font de plus en plus nombreuses au sein de son propre camp : Syriza. Tsipras dispose en effet d’une très faible marge de manœuvre, tant dans son propre pays, qu’à l’international. Les deux sujets se réunissant évidemment autour de la gestion des finances publiques, ou, dit autrement : de la manière dont son gouvernement honorera ses engagements (ses dettes) sans trop renier sur ses promesses populaires. Parmi ces dissonances, Panagiotis Lafazanis (proche allié de Tsipras et ministre de l’Energie) a averti ce week-end, selon Les Echos : « Le gouvernement défendra avec fermeté ses engagements face au vil chantage et aux dilemmes dérangeants, pas seulement sous la pression du parti mais parce qu’une telle retraite équivaudrait à un véritable « Waterloo » pour le gouvernement ». Sur les 149 députés que compte le parti, toujours selon la même source, une trentaine aurait déjà affiché ses craintes sur l’obtention d’un accord au sein de l’Eurogroupe, à l’occasion d’une réunion à huis-clos.
En ce qui nous concerne, nous vous invitons d’ores et déjà à suivre de près ce dossier dans la mesure où la moindre petite annonce, la moindre petite déclaration, pourrait faire brusquement varier la valeur de l’euro et des indices européens. A l’instar de ces dernières séances, où la rumeur (d’abord démentie puis finalement confirmée par l’équipe Tsipras…) de Der Spiegel autour d’un possible défaut de paiement avait alors fortement secoué les indices européens. Il s’agit ici d’insister sur LE sujet de cette semaine. Pour l’heure, les marchés semblent tabler sur un accord au sein de l’Eurogroupe. Accord qui serait naturellement salué par une hausse des valeurs européennes. Nous insistions la semaine dernière, et le faisons à nouveau ce matin, sur le fait qu’aucun partenaire européen n’a intérêt à ce qu’un « Grexit » surgisse faute d’accord. Certes, il ne s’agirait en rien de résoudre les problèmes de fond, mais ce « pansement provisoire » devrait tout de même constituer un vecteur positif pour nos futures séances quotidiennes de Live Trading. A surveiller de très près ! A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France