« A l’Etat espagnol, sans rancœur, adieu ». C’est par ces mots qu’Antonio Baños (CUP) a annoncé sa victoire partielle sur son compte Twitter, hier. Remettons les choses dans leur contexte : les partis indépendantistes catalans viennent de remporter une victoire intéressante lors des élections régionales, hier soir. Menée par le président indépendantiste sortant Artus Mas, la coalition « Ensemble pour le oui » a remporté la majorité absolue en termes de sièges au Parlement catalan. Cette liste a en effet gagné 62 sièges sur 135, associée aux 10 sièges remportés par la « Candidature d’unité populaire » (CUP). En somme, de quoi assurer 72 sièges sur 135, donc la majorité absolue réclamée par Mas pour enclencher le processus d’indépendance, d’ici 2017. Décryptage.
Un vote potentiellement déstabilisateur
Malgré le soutien d’Obama, Merkel, Cameron, Hollande ou encore Sarkozy, les listes d’unité nationale ont perdu la main hier, en Catalogne. A défaut d’assurer une réelle indépendance à la région dans les prochains mois, la situation actuelle risque surtout de provoquer une violente crise, pour ne pas dire scission politique, en Espagne. Le pays se passerait bien dans sa situation actuelle de voir s’envoler une région majeure représentant près de 20% de son PIB et un quart de ses exportations. D’où l’ire de Madrid face à un processus jugé comme inconstitutionnel officiellement … et dont les conséquences seraient surtout lourdes à assumer économiquement parlant pour un exécutif peinant à sortir d’une lourde crise économique, que l’on connait. Pour l'heure, les indépendantistes sont surtout taclés par leurs détracteurs quant aux suffrages réunis. Avec « seulement » 47,8% des votes, la coalition d’Artur Mas et d’Antonio Baños recueille certes la majorité parlementaire mais n’obtient pas à proprement parler le plébiscite populaire attendu. Voilà l’une des grandes faiblesses de ce vote sur lesquelles comptent travailler l’exécutif national et les partis détracteurs.
Mais surtout : quid de la Constitution espagnole ? Là aussi, les indépendantistes vont devoir composer avec un obstacle majeur tant il semble improbable que l’indépendance se fasse aisément. A moins d’un coup de force, plus ou moins légitime, légal et constitutionnel. S’il est vrai que Mas remporte partiellement son pari, il n’est pas certain que son coup de Poker soit intégralement couronné de succès à l’avenir. Reste à savoir, également, dans quelle mesure le roi Felipe VI peut travailler en coulisse pour orienter les velléités de Mas et les transformer en une extension de l’autonomie catalane, quitte à modifier la Constitution. Donc sans accorder la pleine indépendance à une région divisée. N’oublions pas que l’Espagne est une monarchie, pouvant se reposer en partie sur un pouvoir royal particulièrement influent. D’un point de vue strictement boursier, et sans aucune autre considération quant à nos prochaines lignes (insistons là-dessus), ce biais de long terme est naturellement déstabilisateur. Déstabilisateur pour la cohésion de la zone euro, déjà mise à rude épreuve, suite au dossier grec. Pour ne citer que l’un des derniers volets de notre lent déclin.
Aujourd’hui, nous travaillerons avec nos clients sur l’indice allemand au travers d’un point de confluence fixé à 9 685 points. Supports à 9 635, 9 560, 9 510, 9 480 et 9 460. Résistances à 9 750, 9 800, 9 850 et 9 935 points. Du côté du calendrier économique, nous travaillerons essentiellement cet après-midi sur les revenus personnels, sur le PCE Core et sur les ventes en cours dans l’immobilier US. Une salve de publications américaines, globalement attendue comme stable, nous attend en effet de 14h30 à 16h00. Pas de quoi bouleverser la donne quant au range dans lequel nous continuons d’évoluer sur le DAX30 (9 560 / 9 685 points) au travers d’une préférence baissière sous la forme d’un Scalping prudent. N’oublions pas, en effet, les biais latents autour des scandales dans le secteur automobile (essentiellement sur Volkswagen (XETRA:VOWG)) et les craintes mondiales continuant d’alimenter les biais boursiers que nous traduisions ces dernières semaines. Ce début de semaine devrait néanmoins rester relativement calme, quitte à renforcer le range évoqué ci-dessus sur le DAX. Ou au mieux, et directement, notre nette préférence baissière.