La crise en Grèce a poussé jeudi la Banque de Suède à abaisser son taux d'intérêt directeur de 0,1 point à -0,35%, pour contrer une possible baisse de l'euro.
Engagé dans une lutte pour faire remonter un taux d'inflation qui tourne autour de zéro depuis fin 2012, l'institut monétaire veut empêcher par tous les moyens une appréciation de la couronne suédoise. Or c'est ce que la crise grecque risque de provoquer.
"L'inflation augmente et l'activité économique en Suède continue de se renforcer. Mais l'incertitude à l'étranger s'est accrue et il est difficile d'évaluer les répercussions de la situation en Grèce", a écrit la banque centrale dans un communiqué.
"Depuis la décision la plus récente de la Riksbank en avril, la couronne s'est renforcée plus que prévu face à plusieurs autres monnaies. Si le taux de change était trop fort par rapport à la prévision de la Riksbank, les prix des biens importés augmenteraient plus lentement et la demande dans l'économie suédoise baisserait", a estimé l'institut monétaire.
L'effet d'un taux d'intérêt directeur négatif, en vigueur depuis février, se fait attendre. La dernière mesure était une augmentation des prix de 0,1% sur un an en mai, toujours très loin de l'objectif officiel de 2%.
Les économistes attendaient un statu quo de l'institut monétaire suédois, le diagnostic n'ayant pas réellement changé ces derniers mois. Mais c'était sans compter sur les derniers rebondissements dans les négociations entre Athènes et ses créanciers.
"Sans surprise, encore une surprise", a estimé Mikael Sarwe, de la banque Nordea.
- Économie en bonne santé -
La Banque de Suède a également annoncé une prolongation de ses achats d'obligations d'État, autre mesure visant à accélérer l'inflation en injectant des liquidités dans le système financier. Un montant de 45 milliards de couronnes (4,8 milliards d'euros) doit être acheté dans les quatre derniers mois de l'année.
Pour Jessica Hind, du cabinet londonien Capital Economics, il n'était pas certain que cette politique empêchera d'avoir une couronne forte. "Le programme de QE [assouplissement quantitatif] de la Riksbank est toujours voué à être moins agressif que celui de la BCE, ce qui devrait maintenir la pression à la hausse sur la couronne", a-t-elle souligné.
L'économie suédoise reste en bonne santé par rapport à d'autres en Europe, et ne semble pas menacée de déflation dans l'immédiat. Si la Banque de Suède a abaissé sa prévision de croissance pour 2015 de 0,3 point, le pronostic est de 2,9%.
Les ménages en profitent directement, avec une hausse des salaires qui atteindrait 2,6%, et un chômage qui devrait baisser de 0,2 point à 7,7%.
Lundi, le gouvernement avait estimé que la Suède était peu menacée directement par la détérioration des perspectives pour la Grèce. Les banques suédoises, exposées jusqu'à hauteur de 1,3 milliard de dollars en 2008, avaient abaissé cette exposition à moins de 200 millions dès 2011. Elle est aux alentours de 150 millions aujourd'hui. Par ailleurs, la Grèce ne représente que 0,2% des exportations de la Suède.
La Banque de Suède n'en a probablement pas fini avec ses baisses de taux. Elle entrevoit un plus bas pour le taux directeur au quatrième trimestre, aux environs de 0,4%, et elle a rappelé qu'elle était prête "à en faire plus" à tout moment, y compris à "intervenir sur le marché des changes si la tendance à la reprise de l'inflation est menacée du fait, par exemple, d'une évolution très problématique sur les marchés".