PARIS (Reuters) - La mobilisation des "Gilets jaunes" contre la hausse du prix du carburant était en forte baisse mercredi, au cinquième jour d'actions de blocage marquées par la violence, tandis que la recherche d'une sortie de crise reste à ce stade infructueuse.
"Le mouvement des 'Gilets jaunes', ce n'est pas un mouvement organisé avec des porte-parole", a déclaré mercredi sur France Inter le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, qui n'entend pas reculer sur la fiscalité. "Ce n'est en rien comparable à d'autres modes de résolutions de conflits sociaux."
L'idée d'organiser des états généraux de la transition énergétique, proposée par le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger et saluée par une partie de la classe politique et des corps intermédiaires, n'est toujours pas considérée par le gouvernement comme une solution.
L'exécutif entend continuer à faire de la pédagogie puisqu'il a annoncé mercredi vouloir organiser des débats dans tout le pays sur les transformations à venir liées à la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et au projet de loi sur les mobilités, en y associant élus locaux, collectivités territoriales et organisations syndicales et patronales.
Plusieurs députés LaRem ont aussi demandé de "faire pression" sur les banques pour qu'elles proposent un microcrédit à taux presque zéro pour l'achat de véhicules moins polluants afin d'apaiser la grogne des "Gilets jaunes".
SITUATION GRAVE A LA RÉUNION
Mais il ne s'agira pas d'un "geste" qui verrait le gouvernement céder aux revendications des "Gilets jaunes" et d'une partie de l'opposition, qui veulent que le gouvernement renonce aux hausses prévues de la fiscalité sur le diesel, ont répété mercredi plusieurs ministres.
Sur le terrain, le ministère de l'Intérieur a recensé la présence de 7.171 manifestants sur le territoire à 09h00 (08h00 GMT) contre 10.660 la veille à la même heure, ainsi que 337 manifestations et 96 blocages. Mardi, il y avait eu 446 manifestations et 208 blocages.
Le mouvement des "Gilets jaunes" qui, au plus fort de la mobilisation samedi a compté quelque 300.000 manifestants sur les routes de France, s'est soldé par 582 interpellations et 450 gardes à vue. Le bilan était mardi soir de deux décès, 552 blessés, dont 95 parmi les forces de l'ordre.
La situation la plus grave prévalait à La Réunion ou de nouveaux affrontements entre manifestants et gendarmes mobiles ont eu lieu mercredi à proximité du dépôt pétrolier du port d’où avaient été délogés les "Gilets jaunes", malgré le couvre-feu instauré par le préfet de l’île. [nL8N1XW4M7]
Le péage autoroutier de Virsac sur l'A10, au nord de Bordeaux a été bloqué mercredi matin après le saccage des installations dans la nuit de lundi à mardi.
L'opérateur dit par ailleurs avoir oeuvré dans la nuit de mardi à mercredi à ce niveau pour évacuer quelque 350 véhicules bloqués par les manifestants et porter assistance aux occupants. Les opérations étaient encore en cours dans la matinée.
Les Gilets jaunes ont également réoccupé mercredi les accès au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) avant d'être dispersés par la police et ont aussi dressé un barrage filtrant vers le port pétrolier de Fos-Lavera (Bouches-du-Rhône), là encore dégagé par les forces de l'ordre.
30 SITES STRATÉGIQUES DÉBLOQUÉS
Le ministère de l'Intérieur dit avoir débloqué près de 30 sites stratégiques depuis mardi, dont 15 sites pétroliers, cinq zones commerciales et six accès et axes autoroutiers.
A Quimper (Finistère), quatre hommes ont été condamnés mardi à quatre mois de prison ferme après avoir jeté des pierres, des fumigènes et des bouteilles sur des policiers samedi.
La Fédération des transports et de la Logistique FO-UNCP a appelé mardi à rejoindre le mouvement mais c'est pour l'instant le seul syndicat, à l'exception de police SGP Unité FO, à prendre part à la mobilisation.
La CGT, qui avait souhaité s'en distancer, jugeant qu'il avait été récupéré par des partis d'extrême droite, a appelé à une manifestation interprofessionnelle le 1er décembre.
Les blocages commencent à avoir un impact économique.
L'association de commerçants de l'une des plus grandes zones commerciales d'Europe avec plus de 500 enseignes, celle de Plan-de-Campagne au Nord de Marseille, a demandé au préfet d'assurer la libre circulation aux lieux à la veille du Black Friday, l'un des week-end les plus rémunérateurs de l'année.
"Nous avons déjà beaucoup perdu d'argent le week-end écoulé, avec une baisse du chiffre d'affaires de 80% le samedi et de 50% le dimanche. Cette situation fait courir de graves risques à tous les commerces et aux 7.500 emplois de la zone", a déclaré Pierre Pedreno, le président de Centre de vie régionale (CVR), une association qui regroupe 350 enseignes sur la zone.
Les deux lignes de production de l'usine PSA (PA:PEUP) de Sochaux (Doubs), qui produisent des 3008 et des 308, ont été mises à l'arrêt mercredi après-midi en raison d'une pénurie de pièces en provenance d'Espagne, bloquées dans le sud-ouest de la France par le mouvement des "Gilets jaunes", a-t-on appris auprès d'un porte-parole de l'entreprise.
(Caroline Pailliez, avec Elizabeth Pineau et service France, édité par Yves Clarisse)