Si le sommet COP28 décide de l’avenir de l’environnement au sens littéral de la politique en matière de changement climatique, le Congrès mondial de l’Association économique internationale (AIE) contribue grandement à décider de son climat économique.
Organisé du 11 au 15 décembre, le congrès présente des présentations de recherches réalisées par d’éminents économistes du monde entier. En fait, selon le site Internet de l’AIE, plus de 500 économistes du monde entier sont attendus et plus de 400 articles seront présentés lors de sessions académiques autonomes et parallèles.
“La Seconde Guerre froide”
Le message de bienvenue de la conférence a été ouvert par un discours en séance plénière de Gita Gopinath, première directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI). Elle a commencé les choses en trombe, évoquant la possibilité d’une seconde guerre froide imminente.
La question primordiale de ce congrès est : « Sommes-nous à un tournant ? Je crois que nous le sommes. En fait, je pousserai la question de ce congrès un peu plus loin et demanderai : sommes-nous au bord de la Seconde Guerre froide ? L’historien Niall Ferguson soutient que c’est déjà le cas. Si tel est le cas, qu’est-ce que cela signifierait pour l’économie mondiale ?
Gopinath a ajouté que le raisonnement derrière cela était la fragmentation croissante entre les « superpuissances mondiales » que sont les États-Unis et la Chine, à la suite de leurs plusieurs guerres commerciales.
Une situation désastreuse pour les pays en développement
Selon Gopinath, les pertes financières seraient dévastatrices. Mais malheureusement, cela serait bien plus vrai pour les pays en développement.
Si l’économie mondiale devait se fragmenter en deux blocs sur la base du vote de l’ONU sur la résolution de 2022 sur l’Ukraine et que le commerce entre les deux blocs était éliminé, les pertes mondiales seraient estimées à environ 2,5 % du PIB. Mais selon la capacité d’ajustement des économies, les pertes pourraient atteindre jusqu’à 7 % du PIB. Au niveau national, les pertes sont particulièrement importantes pour les économies à faible revenu et les économies de marché émergentes.
Implications pour le changement climatique
Pire encore, ces divisions pourraient paralyser le travail en cours que beaucoup considèrent comme la priorité absolue de la planète Terre : trouver des solutions au changement climatique.
La fragmentation entraverait également nos efforts pour relever d’autres défis mondiaux qui exigent une coopération internationale. L’ampleur de ces défis, du changement climatique à l’IA, est immense. Une analyse récente du FMI montre que la fragmentation du commerce des minéraux essentiels à la transition verte, comme le cuivre, le nickel, le cobalt et le lithium, rendrait la transition énergétique plus coûteuse. Étant donné que ces minéraux sont géographiquement concentrés et difficiles à remplacer, perturber leur commerce entraînerait de fortes fluctuations de leurs prix, supprimant ainsi les investissements dans les énergies renouvelables et la production de véhicules électriques.