Frappée de plein fouet par la vague d'inquiétude qui submerge plusieurs pays émergents, Wall Street espère que la semaine prochaine la banque centrale américaine ou les chiffres sur la croissance des Etats-Unis pourront panser ses plaies.
Le Dow Jones Industrial Average, l'indice vedette de la Bourse de New York réunissant 30 valeurs jugées représentatives, a enregistré sa pire semaine depuis novembre 2011 selon les données de S&P Dow Jones Indices, en chutant de 3,52% pour s'établir à 15.879,11 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a reculé de 1,65% sur la semaine, clôturant à 4.128,17 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a, quant à lui, chuté de 2,63% à 1.790,29 points.
Après un début d'année morose, "Wall Street est vraiment en train de se demander si on ne s'est pas un peu emballé l'an dernier" quand les indices battaient record sur record, remarque Mace Blicksilver, gérant de portefeuille à Marblehead Asset Management.
"Le marché est dans une phase dangereuse. Cela fait longtemps qu'on n'a pas eu une grosse correction et les gros titres des journaux n'incitent pas vraiment les gens à acheter des actions", ajoute-t-il.
Alors que la saison des résultats bat son plein, "les chiffres des entreprises sont corrects mais sans plus", constate le spécialiste. Même si la majorité des entreprises font état de bénéfices supérieurs aux attentes, quelques grands noms de la cote comme General Electric, IBM ou Verizon ont beaucoup déçu.
Parallèlement "le marché est rattrapé par les problèmes mondiaux plus larges" entre l'annonce d'un recul de la production manufacturière en Chine et la chute des devises en Argentine, en Turquie ou en Russie.
Fébriles, les courtiers s'attendent à une nouvelle période de forte volatilité à l'approche de la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) mardi et mercredi.
L'institution a décidé en décembre de commencer à diminuer un peu ses injections de liquidités dans les marchés financiers et jusqu'à il y a peu, "le sentiment était que le Fed allait continuer sur cette voie puisque les données économiques américaines restent plutôt bonnes", souligne Tom Cahill, gestionnaire de portefeuille à Ventura Wealth Management.
"Mais avec ce qui se passe sur le marché des devises ou en Chine, les membres de la Fed vont peut-être choisir d'avancer plus prudemment", ajoute-t-il. "Le fait est que le programme d'assouplissement monétaire mené actuellement par la banque centrale est sans précédent et que les membres de l'institution doivent vraiment naviguer à vue".
Certains observateurs notent toutefois que les investisseurs américains semblent porter un peu moins d'attention aux décisions de la Fed depuis que le ralentissement de son aide a été décidé en décembre.
"D'autres risques ont pris les devants", affirme ainsi Evariste Lefeuvre de Natixis. En particulier, "le débat sur une éventuelle survalorisation des actions a récemment pris de l'ampleur".
Les investisseurs sont d'autant plus prudents que les entreprises, dans leurs prévisions, ne font pas preuve d'un "optimisme folichon", ajoute-t-il. Aussi, certains commencent à s'interroger "sur la capacité de l'économie américaine à continuer de croître".
Les courtiers seront à cet égard très attentifs à la diffusion de la première estimation sur le Produit intérieur brut du quatrième trimestre jeudi.
Les investisseurs s'inquiètent par ailleurs de la tendance à la baisse du rendement des bons du Trésor à long terme, synonyme d'une plus forte demande pour ces actifs jugés plus sûrs. "Si les gens commencent vraiment à miser sur plus de sécurité, cela peut être de mauvais augure pour le marché des actions", souligne Mace Blicksilver.
La direction du marché la semaine prochaine restera toutefois selon lui en grande partie dictée par les résultats d'entreprises, à commencer par Apple lundi.
Suivront mardi Pfizer, Ford, AT&T ou encore Yahoo!, et mercredi Boeing, Dow Chemical et Facebook.
Jeudi sera une journée particulièrement chargée entre les chiffres d'ExxonMobil, d'UPS, de Google, d'Amazon ou de 3M.