par Mohammad Salem et Nidal al-Mughrabi
RAFAH, Bande de Gaza/LE CAIRE (Reuters) - L'armée israélienne a pris mardi le contrôle de la partie palestinienne du poste-frontière de Rafah qui relie ordinairement la bande de Gaza à l'Egypte et des soldats ont été déployés dans l'est de la ville qui a subi d'intenses bombardements nocturnes.
Cette opération est lancée au lendemain de l'approbation par le Hamas d'une offre de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et le Qatar, immédiatement rejetée par le gouvernement israélien qui y a vu une "ruse" du mouvement islamiste.
Des chars et des avions israéliens ont visé mardi plusieurs zones de la grande ville du sud de la bande de Gaza, faisant une vingtaine de morts, selon un bilan diffusé par les autorités de santé palestiniennes.
"L'occupant israélien a condamné à mort les habitants de la bande de Gaza en fermant le poste-frontière de Rafah", a dénoncé Hicham Edwouan, porte-parole de l'agence palestinienne chargée des frontières.
Le point d'entrée de Kerem Shalom, au sud de Rafah, est également fermé selon les agences des Nations unies. "Les deux principales artères pour faire entrer de l'aide à Gaza sont actuellement coupées", a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'Onu.
Annoncée de longue date, l'incursion israélienne ambitionne d'éradiquer les milliers de combattants du Hamas qui s'y seraient retranchés et, éventuellement, de libérer des dizaines d'otages qui y seraient détenus.
En mettant sa menace à exécution, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, défie les Etats-Unis qui ont multiplié les mises en garde, disant redouter un désastre humanitaire.
"Il n'y a plus de zones sûres à Gaza", a déploré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui a dit redouter de nombreuses victimes civiles.
POURSUITE DES POURPARLERS AU CAIRE
Israël affirme de son côté que les opérations sont conduites dans des zones qui ont été largement vidées de leurs populations civiles.
Les pourparlers en vue d'un cessez-le-feu doivent se poursuivre ce mardi au Caire où une délégation qatarie est attendue, ainsi qu'une délégation israélienne composée d'émissaires de rang intermédiaire.
Une délégation du Hamas pourrait également arriver dans la capitale égyptienne mardi soir ou mercredi, a dit une source palestinienne proche des discussions.
Le groupe islamiste palestinien a néanmoins estimé que l'incursion israélienne à Rafah visait à saper les négociations.
Le Hamas a annoncé lundi avoir accepté la proposition de cessez-le-feu dans la bande de Gaza présentée par l'Egypte et le Qatar mais Benjamin Netanyahu a affirmé que les dernières "propositions" de trêve du Hamas ne répondaient pas aux exigences d'Israël.
Une source au fait des négociations a pourtant déclaré à Reuters que cette proposition acceptée par le Hamas est celle qu'Israël avait soumise aux médiateurs le 27 avril, sans que les principaux éléments du texte n'aient été modifiés.
Un responsable israélien a au contraire affirmé qu'il ne s'agissait pas de la version originale de la proposition de trêve discutée la semaine dernière au Caire, précisant qu'elle n'était pas acceptable en l'état.
Il a qualifié l'aval donné par le mouvement palestinien à cette proposition "assouplie" de "ruse" visant à faire passer Israël pour la partie qui refuse la paix.
(Mohammad Salem, Nidal al-Mughrabi et Henriette Chacar; version française Nicolas Delame)