par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain
PARIS (Reuters) - Vivendi (PA:VIV) a publié jeudi des résultats 2017 en hausse, le décollage des revenus de sa maison de disque Universal Music Group grâce au streaming ayant éclipsé le recul du chiffre d'affaires du publicitaire Havas (PA:HAVA) et de la chaîne cryptée Canal+ en France.
Le groupe piloté par le milliardaire Vincent Bolloré avait partiellement dévoilé ses résultats en début d'année, en prévenant que son résultat opérationnel ajusté annuel serait inférieur à ses prévisions en raison de charges exceptionnelles liées à la restructuration du groupe de télévision, en difficultés dans l'Hexagone.
Le propriétaire de Canal+ et de la maison de disques Universal Music Group a fait état jeudi d'un chiffre d'affaires en croissance de 4,9% à données comparables à 12,44 milliards d'euros tandis que son résultat opérationnel ajusté (Ebita) a progressé de 23,1% à 987 millions d'euros.
Vivendi prévoyait initialement une augmentation de "plus de 5%" de son chiffre d'affaires et un Ebita en progression "de l'ordre de 25%".
Le groupe a principalement profité du bond à deux chiffres (10,00%) du chiffre d'affaires de sa filiale UMG, numéro un mondial de la musique enregistrée, grâce à la popularité croissante des offres de streaming proposées par Spotify, Apple (NASDAQ:AAPL) ou Amazon (NASDAQ:AMZN).
Les revenus tirés des abonnements et du streaming représentent désormais 43% du chiffre d'affaires de la musique enregistrée du label, contre 17% trois ans plus tôt.
UMG, piloté de façon relativement indépendante depuis les Etats-Unis par Lucian Grainge, alimente désormais 77% des bénéfices opérationnels de la société.
Vivendi a déclaré à plusieurs reprises étudier l'opportunité d'une introduction en Bourse de sa pépite, ce qui a contribué à son retour en grâce en Bourse, plusieurs analystes ayant révisé à la hausse leurs valorisation de la filiale dans une large fourchette allant de 15 à 40 milliards d'euros.
"Il n'y a pas de projet à ce stade concernant une quelconque introduction en Bourse mais (...) nous conservons cette possibilité comme option", a précisé le président du directoire Arnaud de Puyfontaine aux analystes financiers.
PAS DE PRÉVISION POUR 2018
Sur un an, le titre Vivendi affiche un bond de 31%, une performance nettement supérieure à celle de l'indice européen des médias, en baisse de près de 5% sur la même période.
Vivendi a par ailleurs profité de la stabilisation du chiffre d'affaires du groupe de télévision Canal+ qui a bénéficié d'une forte hausse du nombre de ses abonnés en Afrique (+693.000).
Le taux de résiliation a par ailleurs diminué en France métropolitaine à la faveur de la refonte totale des offres, proposant désormais des prix attractifs en contrepartie d'un engagement sur 24 mois.
Canal+ a toutefois continué à perdre 300.000 abonnés classiques (hors contrats opérateurs) en France métropolitaine, portant à un million le total des pertes de clients depuis que Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, a pris la tête du groupe en juin 2014.
Le groupe qui avait publié ces dernières années le résultat opérationnel des chaînes Canal+ en France métropolitaine, un périmètre nouvellement identifié dans ses comptes, ne donne pas de chiffre pour 2017. L'offre de Canal+ ayant évolué, ce calcul n'est plus possible, a expliqué une porte-parole de Vivendi.
Havas, racheté par Vivendi l'an dernier pour 3,9 milliards d'euros, a de son côté connu un trou d'air, accusant une baisse de 0,8% de ses revenus à données comparables, tandis que sa marge a nettement reculé à 11,2% contre 14,5% en 2016. [L8N1Q577A]
Des mesures, notamment en termes d'effectifs et de rémunérations, sont prises pour s'adapter au contexte chahuté du marché publicitaire mondial depuis l'été dernier, a précisé le directeur financier Hervé Philippe.
Le groupe n'a pas fourni de prévision pour 2018, indiquant seulement tabler sur un Ebita de 450 millions pour l'ensemble du groupe Canal+, hors charges de restructuration.
(Edité par Dominique Rodriguez)