- La Réserve fédérale a interrompu sa campagne de relèvement des taux d'intérêt mercredi, mais a signalé la possibilité d'un nouveau resserrement à l'avenir.
- La flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires compliquera la tâche de la Fed pour ramener l'inflation à son objectif de 2 %.
- Le marché doit donc se préparer à l'éventualité de nouvelles hausses de taux en 2024.
- Vous voulez un coup de pouce sur le marché ? Les membres d'InvestingPro bénéficient d'idées et de conseils exclusifs pour naviguer dans n'importe quel climat.
Le réserve fédérale a maintenu son taux d'intérêt de référence inchangé dans une décision largement attendue mercredi et a adopté un ton hawkish alors que la lutte actuelle de la banque centrale contre l'inflation semble loin d'être terminée.
Les responsables du FOMC ont déclaré qu'ils prévoyaient encore une hausse des taux de 25 points de base avant la fin de l'année, le taux cible des Fed funds culminant dans la fourchette de 5,50 % à 5,75 %.
La banque centrale américaine a également mis en garde contre une politique monétaire beaucoup plus stricte que prévu jusqu'en 2024.
"Nous sommes en mesure de procéder avec prudence alors que nous évaluons les données entrantes et l'évolution des perspectives et des risques", a déclaré Jerome Powell, président de la Fed, lors d'une conférence de presse après la publication du communiqué et des projections.
"Nous sommes prêts à augmenter encore les taux si nécessaire, et nous avons l'intention de maintenir la politique à un niveau restrictif jusqu'à ce que nous soyons convaincus que l'inflation se rapproche durablement de notre objectif", a déclaré M. Powell.
Pourtant, certaines alarmes inflationnistes se sont soudainement remises à retentir dans le contexte d'une hausse vertigineuse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. En effet, une hausse durable des prix des carburants et des denrées alimentaires réduirait à néant les progrès réalisés sur le front de l'inflation, ce qui pourrait contraindre la Fed à poursuivre sa campagne de hausse des taux plus longtemps que prévu.
1. Le pétrole remonte vers les 100 dollars
La récente flambée des prix du pétrole rend beaucoup plus difficile le cheminement de la Réserve fédérale vers un objectif d'inflation de 2 %.
Le baril de West Texas Intermediate, la référence pétrolière américaine, a brièvement dépassé les 92 dollars en début de semaine, pour la première fois depuis novembre 2022, suscitant des craintes qu'une source importante de pression inflationniste ne recommence à se manifester.
En fait, les prix du pétrole ont augmenté de plus de 30 % depuis la fin du mois de juin en raison des réductions continues de l'offre par l'Arabie saoudite et la Russie, qui exercent une pression sur le marché.
Les analystes de Wall Street commencent à parler d'un pétrole à 100 dollars si la dynamique positive du marché de l'énergie se poursuit.
Si les prix du brut continuent d'augmenter et atteignent un niveau à trois chiffres, cela pourrait poser un problème, car la hausse des prix de l'énergie a tendance à augmenter les coûts des biens et des services, ce qui rend tout plus cher.
"La hausse des prix de l'énergie est un élément important", a déclaré M. Powell mercredi, ajoutant que des prix de l'énergie plus élevés et durables peuvent affecter les dépenses de consommation.
2. Les prix de l'essence repartent à la hausse
Les prix à la pompe augmentent soudainement, causant des maux de tête aux consommateurs américains et aux responsables de la Fed.
Les prix de l'essence ont augmenté de près de 9 % au cours des deux derniers mois dans ce qui a été un rare rallye de fin d'été, ce qui renforce l'idée que l'inflation globale va s'accélérer à nouveau dans les mois à venir.
Le prix moyen national du gallon d'essence sans plomb a atteint mercredi 4,00 dollars, son plus haut niveau depuis 11 mois, ce qui, selon l'AAA, constitue un record saisonnier sur les 12 derniers mois.
En Californie, les prix de l'essence ont grimpé de plus de 10 % au cours du mois dernier pour atteindre une moyenne de 5,79 $ le gallon, soit le niveau le plus élevé depuis octobre 2022.
Il est inhabituel de voir les prix de l'essence augmenter à cette période de l'année, car la fin de la saison de conduite estivale aux États-Unis a tendance à peser sur la demande.
Cette tendance inquiétante est, dans une certaine mesure, à la merci de Mère Nature, alors que la saison des ouragans se profile à l'horizon. Les analystes ont prévenu qu'un ouragan majeur frappant la région clé du Golfe du Mexique pourrait faire grimper les prix nationaux de l'essence à 4,50, voire 4,75 dollars le gallon.
3. Les matières premières alimentaires se redressent
Il n'y a pas que le pétrole et les matières premières liées à l'énergie qui ont poursuivi leurs gains importants ces dernières semaines.
Les contrats à terme sur le jus d'orange ont connu une évolution parabolique récemment, atteignant des prix extrêmement élevés alors que les mauvaises conditions météorologiques en Floride et les maladies des cultures ont rendu de nombreuses oranges inutilisables. Les prix de la boisson du petit-déjeuner ont augmenté de 22 % au cours des trois derniers mois.
Les bovins vivants et les contrats à terme sur les bovins d'engraissement figurent également parmi les actifs les plus performants à l'heure actuelle, les deux ayant atteint de nouveaux sommets historiques cette semaine, les inquiétudes concernant l'insuffisance de l'offre américaine pour l'année prochaine continuant d'alimenter le marché haussier. Il faut donc s'attendre à ce que les prix du bœuf augmentent à l'épicerie.
Ailleurs, les prix d'autres produits agricoles tels que le café, le sucre, le cacao , le riz, et le lporc maigre, ont également eu tendance à augmenter, ajoutant à la preuve que l'inflation alimentaire s'accélère à nouveau.
En effet, l'Invesco DB Commodity Index Tracking Fund (NYSE :DBC) - l'un des principaux ETF du secteur - a progressé de 14,3 % depuis le 1er juin pour atteindre son meilleur niveau depuis décembre 2022. Le S&P 500, quant à lui, a progressé de 5,2 % sur la même période.
En ce qui concerne les conditions météorologiques, un prévisionniste du gouvernement américain a déclaré la semaine dernière qu'il y avait plus de 95 % de chances que le phénomène El Nino se poursuive jusqu'en mars 2024, déclenchant des conditions plus extrêmes qui pourraient potentiellement perturber l'approvisionnement alimentaire mondial.
Principaux enseignements
La hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires, que les augmentations de taux de la Fed ne parviennent guère à contrôler, pourrait avoir plus d'influence sur l'inflation dans les mois à venir. Je ne serais pas surpris de voir l'inflation se redresser à partir de là, l'indice global IPC remontant vers les 5 % dans les mois à venir.
Cela remettra évidemment en cause le discours de la Fed qui consiste à faire une pause pour l'instant. Si l'on tient compte de cela, une inflation persistante pourrait obliger le président de la Fed, M. Powell, à relever encore les taux et à les laisser plus longtemps à un niveau élevé.
***
Divulgation : Au moment où j'écris ces lignes, je suis en position longue sur Dow Jones Industrial Average via l'ETF SPDR Dow (DIA). J'ai également une position longue sur l'Energy Select Sector SPDR ETF (NYSE :XLE) et le Health Care Select Sector SPDR ETF (NYSE :XLV). En outre, j'ai une position courte sur le S&P 500, Nasdaq 100, et Russell 2000 via le ProShares Short S&P 500 ETF (SH), le ProShares Short QQQ ETF (PSQ), et le ProShares Short Russell 2000 ETF (RWM).
Je rééquilibre régulièrement mon portefeuille d'actions individuelles et d'ETF sur la base d'une évaluation permanente des risques liés à l'environnement macroéconomique et à la situation financière des entreprises. Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que l'auteur et ne doivent pas être considérées comme des conseils d'investissement.